jeudi 23 août 2007

La Droite se saisie de l'Universitée

Auteur : Tanguy Dufournet <dufournet.tanguy@orange.fr>

Sarkozy dit qu’il est dans la rupture, qu’il n’est pas de cette vieille droite qui a trahi, qui a trompé, qui avance sournoisement quand les gens ne sont pas là pour se défendre, pour combattre de mauvaise mesure ou pour donner leur avis... La mauvaise foi de certain sera de dire « mais non, il fait un truc bien! », alors qu’en réalité, sa première mesure de réforme des universités, pour fonder la nouvelle université, est une mauvaise réforme, une réforme tendant vers l’inégalité.

N’oublions pas que le fondement idéologique de la droite (issus d’une scission au sein de la Nouvelle droite) est l’anti égalitarisme... le même fondement dogmatique que celui de l’extrême droite... Nous pouvons parler aujourd’hui de « peste bleue ».

Parlons plus précisément de la réforme des universités qui s’est faite par la loi sur l’autonomie des universités - votée en douce - dite la loi Pécresse. Je suis allé chercher mes infos sur les sites d’Etats, sur le site d’UNI, le syndicat étudiant de droite et plus, et donc des sites favorables à ce projet de privatisation.

Je vais vous montrer comment ces partisans se contredisent et masque la vérité avec leur méthode de sophiste. Il est nécessaire de ne pas se placer dans une simple opposition, il faut impérativement écouter, comprendre la logique des arguments adverses pour simplement montrer leur contradiction interne. Agissons donc avec philosophie comme le ferait Kant. Celui-ci à juste titre nous dit « la vérité formelle consiste simplement dans l’accord de la connaissance avec elle-même en faisant complètement abstraction de tous les objets et de toute différence entre eux. » et parce que « ces critères formels universels ne sont assurément pas suffisants pour la vérité objective […] ils doivent cependant être considérés comme sa conditio sine qua non. » Autrement dit, si du seul point de vue logique, théorique, il y a contradiction c’est l’ensemble de la vérité qui est fausse et cela même dans sa pratique.

1- Rendre les universités autonomes revient à les privatiser

A cela l’UNI dit FAUX:

Si les universités privées sont bien plus autonomes que les universités publiques, voire le sont intégralement, cela ne veut pas dire que des universités autonomes sont forcément privées. Car c’est l’Etat qui fixe les principales règles, notamment de financement. Même aux Etats-Unis, où il existe de nombreuses universités privées, la majorité des universités restent publiques, malgré une forte autonomie dans leur fonctionnement.

En somme, si une droite A est parallèle à la droite B et que la droite B est parallèle à la droite C alors la droite C est parallèle à la droite A mais la réciproque n’est pas vrai. Ce qui est logiquement incorrect. Je recommence. Si une université est privée alors elle est autonome, mais si une université est autonome, elle n’est pas privée. A cela ils nous disent que c’est l’Etat qui fixe les règles de financement… Or cette autonomie supprime l’influence de l’Etat (entre autre) dans ce domaine. Ce qui veut dire qu’il y aura une probable augmentation des frais d’inscription puisqu’il y a désinvestissement de l’Etat mais ça veut dire aussi des universités à plusieurs vitesses... On y vient avec l’autre exemple de l’UNI : celui des Etats-Unis. Il est clair que les Etats-Unis sont connus pour l’égalité de leur système éducatif, sans ghetto, et par le fait que les parents n’économisent pas dès la naissance des enfants pour leur payer leurs études dont le prix s’élève à bien plus que celui de nos Ecoles privées (et pas université).

Par conséquent, si rendre autonome les universités ce n’est pas les privatiser, c’est y tendre et la prochaine étape sera justement la privatisation. De plus nous venons de voir que cet argument, et non seulement, logiquement douteux, si ce n’est faux, mais qu’il est également de facto faux.


2- L’autonomie des universités existe déjà en France

A cela l’UNI dit VRAI et FAUX:

Si l’autonomie des universités est inscrite dans les textes (loi Faure de 1968, qui a consacré leur autonomie administrative, pédagogique et financière ; loi Savary, qui a refondu les grands principes d’organisation), celle-ci reste bien plus limitée que la plupart des pays de l’OCDE.

La loi Faure et le décret Savary ont sonné le glas de la déchéance institutionnelle des Universités en France qui sont des mesures prises par des hommes politiques de Droite et de gauche droitière - de gauche conservatrice ou comme l’appelle Marx « petite bourgeoise ». Preuve est faite - s’il en fallait une - que le chef de la peste bleu est réellement dans la rupture avec les politiques précédentes.

L’expérience nous donne une connaissance certaine des conséquence d’une telle réforme : L’analyse précise des chiffres (sur une seule discipline, la psychologie, prise comme banc d’essai), montre que le décret de 1984 a pour conséquence la réduction de 20 % environ du pouvoir d’achat en fin de carrière pour 65 % des professeurs (10 % de l’effectif global), un effet d’apparence « minoritaire » dont les répercussions sur l’ensemble de l’institution universitaire ont été en réalité considérables.

(Source : http://www.cairn.info/resume.php?ID_REVUE=CNX&ID_NUMPUBLIE=CNX_078&ID_ARTICLE=CNX_078_0047 )

En somme la réforme de ce gouvernement consiste à aller plus loin - et dans la même direction - dans la logique des lois Savary et Faure.

Ensuite l’OCDE est l’Organisation de coopération et de développement économiques... lier les universités à une logique économique et donc de rentabilité n’est-ce pas la faire rentrer dans une logique, non plus éducative mais, d’entreprise privée ? La réponse est évidente car après tout nous savons bien qu’aucune entreprise ne laisse fonctionner une filiale qui n’est pas rentable. Ainsi certaine filière pourrait tout simplement disparaître.

3- La loi sur l’autonomie induira forcément une hausse des droits d’inscription

A cela l’UNI dit FAUX:

Aujourd’hui, c’est l’Etat qui fixe le montant des droits d’inscription, qui reste très faible comparé aux autres pays développés. Si l’autonomie des universités sera accrue suite à la loi, ce ne sera pas le cas concernant les droits d’inscription. Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, a déclaré sa volonté que la fixation des droits d’inscription restent de la responsabilité de l’Etat et ne soient pas augmentés.

En effet, vous l’aurez compris tout réside dans le « Aujourd’hui » c’est-à-dire « aujourd’hui quand la loi n’est pas encore votée » (à l’époque de l’article de l’UNI la loi n’était pas votée- le 5 juin). De plus il se contredit avec la question d’augmentation des frais d’inscription et le premier point où il prend l’exemple des Etats-Unis où les frais d’inscription sont exorbitants. Notons aussi que l’autonomie à son prix. Autrement dit, si certaines universités ne peuvent pas supporter économiquement leur autonomie alors nous aurons un système à plusieurs vitesses. Pour supporter cette autonomie, elle aura besoin d’un soutient économique, or l’Etat qui se désinvestit de cette responsabilité, ne soutiendra pas les universités. De fait, il y aura augmentation des frais d’inscription ou suppression pure et simple de poste et de filière. Or Valérie Pécresse s’est engagée à ce que les frais d’inscription n’augmentent pas, restons alors vigilant dans le cas où nous sommes optimistes, ou sinon n’oublions la célèbre citation de Chirac, père spirituel de Sarkozy : « Les Promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ».

4- Les relations universités-entreprises seront améliorées grâce à plus forte autonomie

A cela l’UNI dit VRAI:

Le système français ne favorise pas le développement des liens entre universités et entreprises. Quelque soit le degré d’autonomie supplémentaire qu’offrira la loi, les partenariats avec les entreprises (programmes, financements, recherche...) n’en seront que plus facilités.

En fait on découvre le pot aux roses tout au long de l’article.

L’entreprise, si on traduit, aura un droit de regard sur les programmes, les financements et la recherche. Ainsi qui sera bénéficiaire des découvertes universitaires, en matière scientifique par exemple ? Ce n’est plus l’Etat mais l’investisseur donc l’entreprise privée. De plus on peut craindre l’affaiblissement de « la formation intellectuelle » en faveur d’un encouragement à une formation professionnelle ainsi que si c’est l’entreprise qui finance la recherche alors elle ne financera que ce qui l’intéresse, autrement dit certaines portes se refermerons parce que les découvertes qu’elles amènerons ne pourront pas faire l’objet d’une utilisation mercantile.



5- Les présidents d’université sont contre une autonomie accrue des universités

A cela l’UNI dit FAUX:

Depuis longtemps, les présidents d’université, réunis par la conférence des présidents d’universités (CPU) se prononcent pour une réforme permettant de donner plus d’autonomie aux universités. En 2001 déjà, ils avaient organisé un colloque dont les conclusions allaient dans le sens d’une réforme. Cela n’est que peu étonnant, vu qu’ils connaissent mieux que quiconque les blocages dus à notre système centralisé.

Certes oui... mais ce n’est pas de cette réforme qu’ils veulent, et pas de cette autonomie là. Ce qui est étonnant c’est qu’on parle de « blocage dus à notre système centralisé » donc la solution selon l’UNI serait une décentralisation donc un désinvestissement de l’Etat et donc une privatisation des universités. Ce qui serait par conséquent en contradiction avec ce qui a été dit jusqu’à présent.

6- La loi va accroître les inégalités entre les universités, et créer un système à deux vitesses, entre des grandes universités qui s’en sortiront d’une part, et les autres.

A cela l’UNI dit FAUX:

Le système à deux vitesses existe déjà, entre les Grandes Ecoles, qui bénéficient d’une grande autonomie, contractent de nombreux partenariats avec les entreprises, peuvent sélectionner leurs étudiants, fixer librement leurs droits d’inscription, élaborer leur programme librement..., et le universités, qui sont à la traîne. Le but de la loi est justement de donner les moyens aux universités de rattraper leur retard, grâce à un système de gestion rendu justement plus souple. Et une plus grande autonomie les incitera à mener une politique de l’excellence, afin d’attirer les meilleurs étudiants et les meilleurs chercheurs.

Saluons leur culot ! Si l’inégalité existe comme ils nous le disent c’est à cause de la privatisation, puisque les grandes écoles sont généralement privées et que les universités non, et ces sophistes veulent nous faire croire que la privatisation est le remède.

Si vous remarquez c’est dans ce paragraphe que nous avons tous les détails de la loi, ou du moins une grande partie. On parle de sélection des étudiants... je ne parlai pas d’anti égalitarisme ?... et pas n’importe quels étudiants : les meilleurs. En plus d’avoir une vision élitiste ils veulent contraindre les élèves moyens (qui pourraient plus tard être de grands scientifiques ou de grands juristes) à une orientation de formation professionnelle genre Bac Pro, CAP, BEP, alors qu’ils ont déjà une licence, la sélection ne se faisant qu’à l’entrée du master. En effet, la formation professionnelle commence au master, or ils veulent sélectionner les élèves qui rentreront ou non en master, leur refusant alors une formation professionnelle. De plus nous connaissons déjà les problèmes de discrimination à l’embauche qu’est-ce qui nous assurera alors que ces pratiques ignobles ne se feront pas lors de la sélection ?

De plus ces bons élèves généralement sont issus d’un milieu favorisé, ou de lycée ou collège privées, ils ont donc une formation plus poussée, grâce aux sous de leurs parents (cela ne concerne pourtant qu’une minorité des jeunes qui pour la plupart vont dans le public où les inégalités sont accrues à cause du manque de moyen, la droite considérant l’éducation nationale comme une peau de chagrin)

Ensuite fixer librement leurs droit d’inscription ça veut dire que ces Ecoles fixent elles-mêmes les tarifs d’inscriptions et les conditions (il faut des conditions, autre que celle d’avoir son bac). De plus les tarifs des écoles privées - bien que déjà très élevé - sont encore relativement abordables par une partie de la population, mais cela grâce au fait que les universités publiques qui proposent un enseignement de qualité tirent les tarifs d’inscriptions vers le bas.

Enfin élaborer leur programme librement, cela signifie que certaine filière pourront être supprimée et que l’enseignement ne sera plus le même de partout… ce qui revient à parler d’université à double vitesse.


7- Les CROUS ne sont pas concernés par la loi

A cela l’UNI dit VRAI:

La loi sur l’autonomie des universités ne concerne pas les aides sociales étudiantes, gérées par les CROUS (Conseils Régionaux des Œuvres Universitaires et Scolaires). Cependant, selon son contenu, elle pourrait inciter à diversifier le système d’aides sociales, en incitant les universités, collectivités locales, entreprises, fondations privées... à participer aux aides sociales (bourses, restauration, logement).

Et bien on ne peut pas reprocher à l’UNI d’être de droite et de ne pas avoir de la suite dans les idées… ça serait redondant. Il faut réfléchir aux conséquences. S’il y a sélection des élèves, les meilleurs pourront avoir une bourse, logement...etc. sauf s’ils ont des parents riche et donc qu’ils n’ont pas besoin de bourse. Or comme les frais d’inscriptions vont augmenter et que comme le budget d’aide va rester le même ils ne pourront donc plus aider autant d’élève qu’avant, donc augmentation des inégalités. Les aides d’ailleurs ne seront alors plus publiques mais privées... soit un pas de plus vers la privatisation des universités. Ce qui engage également que les critères d’obtention d’une bourse pourront ne plus être des critères sociaux.

8- La loi va être votée dans la précipitation

A cela l’UNI dit FAUX:

Il suffit de voir les réflexions qu’ont déjà mené de nombreux syndicats représentant les personnels enseignants et administratifs et les étudiants, ainsi que les nombreux rapports qui ont été rédigé depuis plusieurs années, pour voir que les esprits sont mûrs à une réforme. De plus, Nicolas Sarkozy avait élaboré de nombreuses réflexions sur l’autonomie des universités durant sa campagne qui alimentent le projet de réforme. Cela n’empêche pas une concertation de se faire actuellement avec les représentants des étudiants, des personnels et des présidents d’université. Le gouvernement a simplement l’intention d’aller vite. De plus, d’autres chantiers sur l’enseignement supérieur s’ouvriront rapidement, notamment sur les conditions de vie des étudiants.

Il suffit de voir comment la loi a été votée en moins de deux mois pour être sûr de l’appliquer dès la rentrée. De plus, dans la logique de la politique spectacle sarkoziste nous savons que les syndicats ont été invités pour faire croire qu’on allait les écouter. Aussi c’est une réflexion mener par la droite dans laquelle la gauche n’a aucunement pu donner son avis. Ainsi c’est d’une manière obtuse et arbitraire que ce projet de loi a été proposé.

Puis comme le dit l’UNI sans précipitation mais le gouvernement a simplement l’intention d’aller vite.

mercredi 22 août 2007

Crise des "subprimes" ou crise d'un système

Sommes-nous confrontés à un nouveau jeudi noir ? La fermeture de trois fonds de la Banque BNP Paris Bas a déclenché un vent à la baisse sur toutes les places boursières. A l’origine de la panique expliquent les commentateurs, il y aurait les « subprimes ». Ces prêts immobiliers accordés aux ménages nord-américains les moins solvables et que leurs débiteurs pourraient de moins en moins honorer. Comment ces subprimes pourraient-elles déclencher une telle panique ? On nous explique que c’est parce qu’en fait elles se seraient logées dans tous les portefeuilles, dans les SICAV les plus sûres… Mais les subprimes ne sont que la partie la plus visible de l’iceberg d’une économie capitaliste spéculative. Un autre phénomène très important à comprendre pour nous Français serait en quoi la politique économique de Sarkozy admirative de la spéculation étasunienne entre t-elle dans des mécanismes de ce type ?
Danielle Bleitrach
Les subprimes de quoi s’agit-il ?
On nous présente la crise comme étant liée au fait que les ménages nord-américains non solvables ont été incités par des prêts à acheter des logements. Le portefeuille de prêts immobiliers en trois catégorie en fonction des notes de crédit des emprunteurs: “subprime”, “non-prime”, et “prime”.
« Or ces derniers temps, et plus fortement dans l’année écoulée, trois tendances se sont conjuguées : la stagnation ou la baisse des salaires réels, la baisse des prix des terrains et des immeubles et la hausse des taux d’intérêts. »(1)
La stagnation des salaires réels est intervenue à partir de 2001 et malgré la pression des demandes d’emploi, le réajustement des salaires a été contenu par la précarité, le rêve du MEDEF. La baisse du prix des terrains et de l’immobilier n’avantage que ceux qui auraient les moyens d’acheter au comptant, les autres qui à un moment quelconque sont obligés de réaliser leur biens se retrouvent avec un bien moins cher, dont ils doivent continuer à payer les intérêts en hausse. (2)
Or les prix ont commencé à redescendre depuis quelques mois. Comme les taux d’intérêt grimpaient, il leur était de plus en plus difficile d’honorer leurs prêts. Plusieurs ménages endettés, qui croyaient faire une bonne affaire, ont cessé de rembourser leurs prêts hypothécaires.
Enfin il faut voir que la crise dite des subprimes part des pauvres surendettés, précarisés, au chômage, mais atteint de plus en plus des couches beaucoup aisées de la population (3).

Dans une présentation de son exposition au marché dit “subprime”, ou crédit hypothécaire à risque, AIG le numéro un mondial de l’assurance et l’un des plus grands prêteurs immobiliers a déclaré que la proportion totale de défauts dans son portefeuille immobilier de 25,9 milliards de dollars avait atteint 2,5%. Il a précisé que 10,8% des prêts hypothécaires “subprime” affichaient un retard de paiement de 60 jours, mais également 4,6% des prêts de la catégorie juste au-dessus. Tout en se disant toujours “à l’aise” vis-à-vis de son exposition au crédit immobilier, AIG a déclaré que le taux de défaillance dans ses prêts hypothécaires de premier rang avait grimpé à 3,98% en juin contre 3,56 en avril et un plancher de 3,08% en juillet 2005. Ces prêts représentent 90% des prêts immobiliers d’AIG aux Etats-Unis.A la date du 30 juin, la branche financière d’AIG, qui accorde des prêts hypothécaires de premier et second rang, avait enregistré 3,68% de défaillances dans le subprime, 2,13% dans le non-prime et 0,81% dans le prime.(4)

Dans les situations de défaillances, les banques saisissent les biens immobiliers pour les vendre aux enchères, ce qui pousse les prix à la baisse et enclenche une nouvelle vague de défauts de paiements. À chaque fois, les établissements prêteurs ne récupèrent qu’une partie de ce qu’ils ont prêté. C’est ainsi que certains prêteurs hypothécaires américains ont fait faillite dernièrement.
A Wall street le 7 août, American Home Montage Investissement Corp, un organisme de refinancement des prêts hypothécaires a déclaré qu’il était en défaut de paiement et il a licencié le 10 août 600 de des 7000 employés. Mais ce n’était pas le seul, d’abord Bear Stearns, la banque d’investissements a vu deux de ses fonds spéculatifs (hedge fund) ruinés et un troisième en grande difficulté (5). Le jeudi 9 mai, c’est la banque nord-américaine Godman Sachs qui est prise dans la tourmente des subprimes. En fait depuis une quinzaine de jours, tous les investisseurs financiers traquaient les portefeuilles des institutions qui auraient des positions risquées.
Les économistes s’entendent pour affirmer que, bien que les sommes en jeu soient considérables, ces faillites ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan des marchés d’aujourd’hui. Si toutefois la situation perdure, la confiance pourrait disparaître dans le marché des prêts. Les entreprises, les particuliers, et même les gouvernements auraient alors de la difficulté à emprunter. Le crédit étant essentiel au bon fonctionnement de l’économie, une récession pourrait survenir.
Effectivement c’est ce qui semble s’être bien passé le fameux jeudi 9 août. Depuis plusieurs semaines on parlait des difficultés de la Banque allemande WestLB (17 milliards de dollars dans les subprimes nord-américaine), c’est de BNP Paris bas qu’est venu la décision de fermeture des fonds.
A cette annonce les banques ont refusé toute opération de refinancement, de prêts aux autres établissements financiers. Une sorte de mesure contre la fièvre aphteuse au niveau bancaire, ce qui s’est immédiatement traduit par une envolée du taux des prêts interbancaires (passant de 4,10 à 4,70). Le loyer de l’argent a alors atteint le taux le plus élevé depuis 6 ans.
C’est cette situation que les banques centrales ont prétendu éviter en injectant des liquidités. Elles prêtent aux banques l’argent qu’elles ne trouvent plus sur le marché monétaire, afin que celles-ci puissent continuer à jouer leur rôle de prêteurs. Mais la réaction très rapide et massive des Banques Centrales fait mesurer que la situation risquait de dégénérer et que nous étions au-delà du problème des subprimes. Et la réaction a été au premier chef celle de la Banque Centrale Européenne. Pourquoi ? La Banque Centrale Européenne (BCE) est intervenue une première fois elle a injecté 94,8 milliards d’euros pour remédier à cette pénurie de liquidité. A ce jour la BCE a injecté plus de 130 milliards d’euros. C’est-à-dire plus que face aux attentats du 11 septembre 2001 ? Pas mal pour le non paiement des dettes des ménages non solvables en matière de prêts immobiliers. La FED et à peu près toutes les autres banques centrales de la planète se sont mises à injecter des liquidités.En effet s’il s’agissait seulement des subprimes nord-américaines, on comprendrait mal le phénomène. Même si elles se combinent avec une crise de l’immobilier aux Etats-Unis qui touche des couches plus aisées que les ménages non solvables.
Mais si cette explication était totalement insuffisante ?
Décidément les subprimes ne sont là encore que le niveau visible de l’iceberg.Il faut bien voir que la crise des liquidités n’est pas simplement lié au défaut de paiement des ménages non solvables nord américain, mais c’est tout le système de financement de l’économie par le biais des CDO, des jeux monétaires, qui est en cause. En quoi des sommes importantes non honorées, représentées par les subprimes, mais sans commune mesure avec le marché boursier peuvent-elles déboucher sur la crise ? En fait dans le contexte du boom immobilier de 2000 à 2005, des prêts ont été consentis à des ménages dont le profil financier n’était pas solide. Ces prêts ont été « titrisés », c’est-à-dire transformés en titres financiers qui ont servi de socles à toute une gamme de produits dérivés (CDO). Au moins deux phénomènes se mêlent le surendettement, une consommation surgonflée par un surendettement qui ne correspond pas aux revenus salariaux et pas seulement des plus pauvres, devient de plus en plus poussive et fait peser des risques sur l’économie, en particulier à travers le marché immobilier. Un deuxième phénomène est celui des conditions d’achat à crédit des entreprises par des sociétés financières.
A travers les bourses et la financiarisation de l’économie nous avons une extension planétaire du « Carry trade », de quoi s’agit-il ? Tout simplement de jouer sur la différence du coût du crédit dans une place pour investir dans une autre avec l’argent emprunté ailleurs. Ce qui se combine avec les LBO, a crédits servant pour des opérations de rachat par endettement (”leverage buyout”, LBO)..
Le carry trade consiste à jouer sur les monnaies et les taux d’intérêt de pays à pays, le Japon vers un autre pays puisqu’on on emprunte de yens à un taux d’intérêt de 0,5% pour investir par exemple en Nouvelle Zélande où les taux d’intérêt sont à 8% ou on achète des bons du trésor etasunien. Ce qui fonctionne bien tant que le yen baisse, mais si le yen monte et tout indique qu’il est parti à la hausse, cela peut aboutir à des pertes énormes. Autre facteur d’inquiétude actuel. (4).
Mais la carry trade joue également dans l’utilisation des fonds empruntés toujours au Japon, qui a joué ces dernières années un taux d’intérêt quasi inexistant, pour être placés dans des obligations à haut rendement (CDO et CLO). On emprunte à crédit pour acheter des entreprises et revendre aussitôt.
Nous avons donc une économie de casino qui engendre des phénomènes spéculatifs, mais cette spéculation n’est pas purement virtuelle, elle repose dans tous les cas dans sur un renforcement de l’exploitation, un accroissement monstrueux des inégalités au niveau planétaire.
Spéculation et hauts rendements
Comment créer de hauts rendements ? Il y a les entreprises que l’on restructure, dont on gonfle les performances pour les actionnaires boursiers. Un exemple récent, la multinationale anglo-hollandaise Unilever annonce une augmentation de 16% de ses bénéfices au second trimestre 2007, et elle annonce dans la foulée la suppression de 20 000 emplois dans le monde - 11% de ses effectifs -, dont la plupart en Europe. C’est un mécanisme bien connu décrit par une dépêche de Radio Canada : “Unilever (…) prévoit que ses bénéfices continueront d’augmenter à la suite des suppressions de ces emplois. Les investisseurs ont très bien accueilli l’annonce de ces mises à pied qui réduiront les coûts et feront augmenter les profits. effectivement cette annonce a propulsé l’action d’Unilever en hausse de 8 % à la Bourse d’Amsterdam.Chacun mesure bien ce que cet exemple devenu système signifie de surexploitation, de délocalisation, et donc qu’au bout de la chaîne de ces prédateurs il y a le chômage, la précarité, et même le suicide des salariés. Ou comment l’économie virtuelle financière gouverne l’économie réelle que l’on prétend aujourd’hui en bonne santé et donc susceptible d’amortir la crise financière. sans doute comme la baisse des salaires n’a pas fini par réagir sur les subprimes.
Mais revenons au niveau financier dont les outils sont les fonds de capital investissement et les fonds spéculatifs (hedge funds) .
Le capital investissement : il s’agit de sociétés financières qui acquièrent des entreprises, parfois en difficulté, parfois en panne d’actionnaires pour avoir les liquidités, ces sociétés achètent ces entreprises et les revendent avec de très gros profits et en faisant pour cela appel à la bourse à des financements massifs à crédit (860 milliards de dollars de titre ont été ainsi émis au premier semestre 2007, c’est-à-dire 40% de plus qu’un an plus tôt) . Leurs dettes sont placées sur le marché par le biais de titre appelés CDO. (Collateralized debit obligation).Or depuis quelques semaines, on peut même parler de mois, ces titres suscitent beaucoup d’inquiétude. Le capital investissement a de plus en plus de mal à placer leurs titres qui sont en fait des dettes, on cite le cas de KKR le géant qui n’arrive plus à placer les actions Chrysler. Le marché guette qui a des titres de ce type or les fonds spéculatifs et même ceux à moindre risque s’en sont gavés comme ils se sont gavés des subprimes. L’inquiétude face au subprimes s’est donc doublé d’une inquiétude face à un sytème plus général qui gangrène l’économie.
La BCE dans sa récente note mensuelle a signalé que les LBO (opérations de rachat par endettement : “leverage buyout”, LBO).. présentent des similitudes avec les crédits immobiliers à risque (”subprime”), actuellement en pleine crise. Selon la BCE ces similitudes “pourraient susciter des inquiétudes concernant la stabilité financière dans le cas d’un changement du cycle des crédits”. Elle note toutefois que les acteurs du marché des LBO “se connaissent en général très bien dans le secteur financier”, ce qui n’est pas toujours le cas dans le marché des “subprime”, et peuvent donc se protéger contre les faiblesses passagères. On serait rassuré si ce genre de discours lénifiant n’avait pas pris un caractère systématique, ainsi c’est la déclaration de la banque de France du 3 août qui explique que l’Europe ne risque rien. C’est Bush vantant la bonne santé de l’économie nord-américaine et le fait que suffisamment de liquidité étaient disponibles sur le marché nord-américain « pour atterrir en douceur ». Alors même que des économistes tablent sur une crise plus durable que les précédentes, parce que l’économie nord-américaine est déprimée, l’endettement des ménages fort, et parce que la bulle immobilière peut exploser dans d’autres pays. Beaucoup de ces économistes se prononcent pour une baisse des taux d’intérêt des banques centrales, ce qui comme on l’a vu est par ailleurs une incitation à la spéculation dans un système qui s’en nourrit. D’autres invitent les gouvernants et les possédants à se réfugier dans l’or.Parce que le fait est que les banques européennes se sont montrées particulièrement goulues avides de hauts rendements. Aux USA, le capital investissement représente près de 40% du marché fusion et acquisition, mais en Europe les opérations de ce type ont cru de 50% en un an, d’où l’extrême vulnérabilité et le fait que la crise s’est déclenchée en Europe avec la fermeture des fonds de BNP Paris Bas comme facteur déclenchant du jeudi noir (5). Là encore le jeudi noir dix août où se déclenche la panique sur les marchés boursiers, n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Deux remarques, ont retrouve dans les subprimes le même mécanisme que celui du capital investissement parce que les titres des subprimes rentrent dans les CDO. Deuxième remarque ce ne sont pas seulement des ménages à qui on a prêté abusivement de l’argent qui sont touchés ce sont des couches plus aisées.
Ce qu’il faut bien mesurer donc c’est qu’il ne s’agit pas seulement du seul secteur des prêts immobilier par une clientèle étasunienne non solvable, mais que le boom immobilier, le surendettement auxquels était invité les ménages correspondait au mode de développement global de l’économie, elle-même basée sur le surendettement et les hauts rendements à partir de la pression sur les plus pauvres. Il faut bien mesurer que les Etats-Unis sont à la source du phénomène, mais celui-ci s’était mondialisé et la crise des « subprimes », en fait des CDO, s’est rapidement étendu et a obligé la plupart des banques centrales à injecter des liquidités. Enfin il faut voir que la crise dite des subprimes part des pauvres surendettés, précarisés, au chômage, ne serait-ce que par le biais de la crise immobilière étasunienne, mais en fait cette crise atteint des couches beaucoup aisées de la population .
Quelle que soit l’issue de cet épisode de crise, il est évident que les subprimes ne sont que l’effet déclencheur comme récemment l’a été la décision de limiter les transactions à la Bourse de Shangai. Ce qui apparait clairement dans cette nouvelle crise est qu’un système d’exploitation de plus en plus aggravé tant dans les pays du sud que désormais l’existence d’un sud à l’intérieur du nord et qui s’étend à des couches de plus en plus large, combiné à une économie virtuelle de spéculation, ne peuvent qu’engendrer des crises à répétition, ce que Marx dans le Manifeste définissait déjà comme des crises de surproduction. Et comme chaque crise aboutit à une pression accrue de l’exploitation, une tentative pour extraire toujours plus de profit du travail, l’effet de crise s’accentue, avec ses symptômes un chômage qui perdure et d’étend, une croissance qui demeure poussive et ces vagues de panique.
Dans un récent article ici même, je vous expliquais que le véritable problème que soulevaient les « vacances de Sarkozy » était sa vassalisation aux Etats-Unis. Jusqu’où va-t-elle. Ce qui est sur c’est que son adhésion au modèle nord-américain est lisible dans ses choix économiques, ceux qui sous couvert du « enrichissez vous » exerce une pression insoutenable non seulement sur les couches les plus défavorisées, mais également sur les couches moyennes, qui utilise le surendettement y compris budgétaire comme l’instrument d’une recomposition du budget de l’état vers toujours plus de privatisation, vers la mise en coupe réglée des services publics.
Danielle Bleitrach

(1) Dans Grand soir, article de Vincent Présumeyhttp://www.legrandsoir.info/article.php3?id_article=5336“Hausse des taux et prix des terrains et des bâtiments sont liés par une relation qui est l’un des rapports sociaux les plus irrationnels du mode de production capitaliste : le prix foncier est formé par capitalisation de la rente foncière, c’est-à-dire que le loyer moyen (ou, pour des terres agricoles, le fermage) est considéré comme l’intérêt d’un capital qui est le prix du terrain. Mathématiquement, si les taux d’intérêt montent les prix fonciers baissent, et inversement. Etrangement, mais ce rapport social fonctionne bel et bien, cela veut dire en partie que moins c’est cher, plus vous payez ! (c’est là la clef pour analyser le lien étrange entre loyers et prix immobiliers, abordé dans l’article Bulle immobilière : le krach menace, www.legrandsoir.info/article.php3 ? (…) Avec les subprime mortgage, la boucle est bouclée : la transformation des salariés en “propriétaires” aboutit à leur expropriation encore un peu plus achevée, leur propre salaire leur étant repris sous forme de prix fonciers (rente) et d’intérêts à payer pour l’éternité. C’est au moment même de la proclamation du salarié comme propriétaire que s’achève en fait son expropriation et qu’il devient un pauper. “id_article=2927″
(2) Dans le même article : “Or, les taux d’intérêts ont nettement remonté aux Etats-Unis depuis un an et demi, malgré la Fed qui s’est alignée sur cette tendance et ne l’a pas suscitée -cette perte de contrôle partielle de la Fed sur les taux US est d’ailleurs un fait économiquement et politiquement nouveau.Ce renchérissement de ce qu’il est convenu d’appeler le “loyer de l’argent” est en effet, au fond, une réaction à la baisse comparative du dollar par rapport aux autres monnaies, surtout l’euro, et en partie une réaction à la difficulté relative croissante de placer des bonds du trésor US à l’étranger, où des quantités énormes se trouvent déjà, la plus grande concentration se situant … en Chine. ” Sur cette dernière question voir l’article de Paul Craig Roberts. “Oncle Sam, votre banquier vous en avisera”. L’article émet l’hypothèse que la nouveauté de la situation est que la FED (réserve fédérale) ne contrôle plus les taux d’intérêt et que Wall street et la maison blanche, de fait tout l’occident, sont obligés de plier devant la Chine. “Si les marchés financiers occidentaux sont assez intelligents pour comprendre le message, les taux d’intérêt US monteront sans se soucier de toute autre action de la Chine. En ce moment, la Chine n’a pas besoin de vendre une seule obligation. En un instant, la Chine a fait comprendre que les taux d’intérêt US dépendent d’elle, pas de la Réserve Fédérale.” http://www.alterinfo.net/Oncle-SAM,-votre-banquier-vous-avisera-maintenant_a10388.html?PHPSESSID=38782bf1085246b77b14088b6f9b1230 . C’est l’analyse que nous faisons dans Les Etats-Unis De Mal empire. Ces leçons de résistance qui nous viennent du Sud. Aden ed. 2005
(3) A la fin juillet, la société Country wide Financial, leader du crédit immobilier residentiel nord-américain a constaté un retard de paiement significatif chez les foyers solvables aisés. Angelo Mozilo, le patron de cette société a déclaré « les prix des maisons baissent comme on ne l’a jamais vu depuis la dépression des années 30 », le marché a-t-il estimé ne se relevera pas avant 2009.
(4) Reuters - Jeudi 9 août, 16h58. Les défauts de paiement dans le crédit immobilier sont devenus plus fréquents chez les emprunteurs de la catégorie juste au-dessus du subprime », déclare l’assureur American International Group.
(5) Notons que la méfiance vient de loin si le 10 août bear Streams perd 6,30% en Bourse, la perte est de 31% sur trois mois.
(6) Il est à noter que la crainte du relèvement du Yen a déjà produit un retour vers cette monnaie qui a accru les effets de la crise dite des subprimes. En 1998, le yen avait connu cet effet de ré-évaluation (environ 20%) qui avait laissé sur le carreau quelques spécialistes de ce carry trade.
(7) Dans le genre plus hypocrite que moi tu meurs, il faut noter le 3 août l’intervention de la Banque de France qui déclarait que la crise des subprimes ne toucherait pas l’Europe ((cf. Le Figaro de ce jour). La question qui est sur toutes les lèvres est à présent de savoir où va s’arrêter le cyclone, alors que les incertitudes planent sur les pertes exactes que la crise du “subprime” va entraîner pour les banques touchées. Et “s’il y a une chose que les marchés détestent, c’est l’incertitude”, souligne Gilles Moec, chef économiste de Bank of America. “Les conséquences ne vont pas rester limitées aux marchés financiers”, avertit Jörg Krämer, chef économiste de la Commerzbank. “La conjoncture aux Etats-Unis, et donc dans le monde, va encore longtemps souffrir des suites négatives”.

mardi 7 août 2007

Réflexion d'été

Source : http://caiusgracchus.blogspot.com

Le poète italien Edoardo Sanguinetti, qui fut en son temps député du PCI, a déclaré récemment, à l’occasion d’une récente élection locale à Gênes :

« Que le prolétariat existe et continue à être exploité est un secret de Polichinelle. Il faut restaurer la haine de classe. Les patrons nous haïssent et nous ne les haïssons plus ! »

Démocratie, Capitalisme, société de consommation et Communisme

1. LA DEMOCRATIE EXISTE T ELLE ?
Si la démocratie « réelle » implique notamment une participation éclairée et active du plus grand nombre de citoyens possible sans distinction de classe ou de revenus, alors, lorsque la participation du citoyen à la vie politique de son pays devient un luxe, c'est que nous ne sommes déjà plus dans une démocratie.Tout indique que nous sommes bien dans un faux -semblant de démocratie, avec de fausses élections ( ce type de faux-semblant étant la spécialité du capitalisme).D'une démocratie basée sur la représentation des citoyens par leurs élus, nous sommes passé à un système où nous avons, non plus une démocratie représentative, mais une représentation de démocratie.Et cette représentation est nécessairement biaisée.

2. QUELS SONT LES RAPORTS ENTRE DEMOCRATIE CAPITALISME ET SOCIETE DE CONSOMMATION ?
Si l'énergie psychique et intellectuelle des citoyens est mobilisée entièrement par la question de sa subsistance et la quête de savoir comment boucler "au moins pire" la fin du mois, alors, non, nous ne sommes plus dans une démocratie et nous sommes revenus de fait à un régime censitaire où seuls les citoyens aisés peuvent voter, c'est à dire, voter valablement.Voter valablement implique de pouvoir mettre en oeuvre une liberté réelle de choisir, ce qui nécessite notamment d'avoir eu suffisamment de temps, de calme et de moyens (matériels et intellectuels) pour exercer notre sens critique et notre libre arbitre.Il faut vraiment préférer la douceur temporaire de l'aveuglement volontaire à la sauvagerie salvatrice de la lucidité pour ne pas se rendre compte que nous e n sommes à ce stade avancé de dépérissement de la démocratie, et que nous n'évoluons plus que dans un théâtre d'ombres chinoises.Nous avons réintégré le "mythe de la caverne".Cette quête des moyens de subsistance est aggravée ( car elle est pervertie) par le développement de la société de consommation, qui, par le biais de la marchandisation (des choses, des êtres, des idées), repousse sans cesse les frontières qui existent entre nécessaire et superflu.Cette société de consommation, fondée sur, et en même temps gouvernée par, le marché, la loi de l'offre et de la demande, dont le seul maître est l'argent, est le bras armé du capitalisme dans la société.La société de consommation est exactement comme une très belle personne, avenante, parfumée, mais qui aurait deux défauts: il faut la payer pour la toucher de près et elle est complètement vérolée...Pris dans le filet de ce consumérisme, on court après du rêve à acheter (et non à rêver ce qui est quand même un sacré paradoxe en terme de désir - et plus il est cher plus il est réputé être "beau") et on pervertit nous-même à notre insu, le sens du travail.Corrélativement, le travail, qui devrait ou qui pourrait être aussi une source de satisfactions personnelles et de gratifications, devient de plus en plus pénible et harassant car soumis à la loi terrible de la productivité - ce que l'on gagne n'est jamais suffisant pour acquérir les "gros rêves" que la société de consommation nous fait faire.Plus ces rêves sont gros, plus le salaire est dérisoire. Et nous sommes comme des hamsters dans une cage, qui tournent à toute vitesse dans la petite roulette.Le but du travail ne devrait pas être de "gagner plus" mais de "s'épanouir plus". Même si je sais qu'étymologiquement, travail vient de "torture" et que cette notion est fortement liée à celle de salaire...il y a des tortures symboliques qui peuvent être bénéfiques , et d'autres réelles, et néfastes, qui s'inscrivent dans la chair des salariés suicidés.Pour ceux dont le salaire est carrément indécent, ces 17 % de la population qui gagnent le SMIC, (et qui sont en effet symboliques de toute la population prolétarienne), le rêve est tellement hors de portée qu'ils n'ont que deux choix: fermer les yeux à ce consumérisme et résister, prenant le risque de se "marginaliser", de "s'isoler", ou accepter le système jusqu'à en devenir cinglés, accepter la bouche ouverte de "travailler plus pour gagner plus", pour finir à la commission de surendettement, voter FN et voire pire, quand leur vie n'est pas mise en péril par les névroses que créent autant de contradictions manifestes...Ainsi asservis, nous rentrons dans des rapports pervertis avec la démocratie, ce qui est le but du capitalisme.Cette participation à la vie publique, par le biais en l'occurrence ,de la politique, devient un luxe quand, avant même de pouvoir penser à s'asseoir à une table sans rien à faire et avec encore suffisamment d'énergie pour réfléchir à la situation politique du pays ou du canton ou de la région, à travers son expérience personnelle et à travers ses lectures, la plupart des citoyens doit avoir résolu une somme de problèmes matériels conséquents.Cette participation devient un luxe lorsque le citoyen n'a plus les ressources matérielles, morales et intellectuelles nécessaires à la prise de recul minimum qu'implique une réflexion et une décision politiques.Aussi, la paupérisation du prolétariat, conjuguée à la valorisation de la consommation, précède l'appauvrissement du processus démocratique et prépare toujours l'arrivée de la dictature politique voire militaire, qui s'appuient sur les moyens capitalistes, pour conserver le capitalisme lui-même.

3. LE PIEGE CAPITALISTE POUR LE COMMUNISME
Et ce faisant, le capitalisme met en place un piège à double détente pour le communisme.Paupérisant à l'extrême le prolétariat dont le communisme est un des défenseurs (sinon le seul), il place cette doctrine dans la logique de la double contrainte, puisqu'il lui commande avant tout d'augmenter les moyens de subsistance des travailleurs, mais ce faisant augmente leur « pouvoir d’achat ».Oui mais voilà, une fois que le communisme a redonné cet "oxygène" nécessaire aux travailleurs, encore faut-il qu'il ne s'arrête pas là et qu'il rentre à fond dans la difficile bataille contre le consumérisme.Renoncer à cette bataille, la traiter comme négligeable, c’est déjà renoncer à combattre le capitalisme.Faute de mener cette bataille, qui implique d'avoir autre chose à proposer que de devenir calife à la place du calife (ce que j'appelle "transformer le prolétaire pauvre en bourgeois"), le communisme s'affaiblit, et commence à mourir, car il garde au sein de la société la pire partie du capitalisme et se rend perméable à la social-démocratie.

4. DE LA NECESSITE POUR LE COMMUNISME DE PENSER LE MONDE COMME UN TOUT ET DU TOTALITARISME CAPITALISTE
On reproche très souvent au communisme d'être "totalitaire" par nature. C'est une des critiques que j'entends le plus à notre encontre.J'avais souvent tendance à répondre que cela était faux.Mais à la réfléxion, je crois que c'est exact, dans la mesure où cela signifie que le communisme induit une systématisation, une manière de pensée qui est totalitaire, en ce sens qu'elle essaie de TOUT appréhender pour tordre définitivement le cou au capitalisme.Je crois que c'est donc non seulement exact mais surtout hautement nécessaire, que le communisme soit "totalitaire" par nature, si cela n'aboutit pas à une dérive personnalisée et au totalitarisme.Et c'est bien parce que le communisme a cessé de penser le monde comme un système et de livrer des combats sur tous les fronts où sévit le capitalisme, qu'il s'est affaibli et a échoué.Il faut dire que certains prétendus représentants du communisme ont largement contribué à nous faire échouer, et servent encore de repoussoir... Voici une des raisons objectives pour lesquelles j'ai une détestation viscérale de Staline, par exemple, ou de Mao ( outre la répulsion que leurs crimes entraînent chez moi). Parce qu'ils ont usurpé le communisme et que leurs horreurs ont finalement servi de prétexte au capitalisme pour nous abattre ( comme si nous avions besoin de ça).En revanche , je ne peux pas laisser dire que le communisme serait LE système produisant le plus de dictatures et de morts, si c'est cela qu'implique en effet ce jugement sur le communisme comme « totalitaire ».Je crois que nous avons encore la preuve tous les jours que c'est bien le capitalisme, et tout ce qu'il véhicule ou tout ce qui l'appuie, qui a le record absolu en la matière dans tous les points du globe. Le plus criminogène, le plus pathogène, le plus mortifère, le plus indigne, le plus asservissant, le plus dégradant....Communisme et capitalisme seraient deux versants d'une même médaille en quelque sorte, et non, amis socialistes, le communisme n'est pas nécessairement la face la plus sombre de cette médaille!Je dirais même que c'est exactement pour cette raison, parce qu'en effet c'es t un système de pensée "totalitaire" ou plutôt "totalitarisant" ( dans le sens où il tente de penser un "tout"), que c'est bien le communisme qu'il faut choisir comme voie pour abolir le capitalisme et transformer la société , et rien d'autre.Car le capitalisme est également un système totalitaire par essence, bien pire que le communisme car fondé sur une logique de faux semblant, de fausse(s) liberté(s) et de représentations qui servent d'alibi notamment, à la répression la plus sournoise, à l'esclavage le plus absolu, et qui est celui que l'Homme s'inflige à lui-même en croyant ainsi être libre.

5. LA PLACE DES COMMUNISTES DANS UNE DEMOCRATIE CAPITALISTE
Toute la question pour les communistes aujourd'hui est de savoir si nous ne sommes pas devenus des représentations dans le théâtre capitaliste, si nous ne sommes pas en train de servir d'alibi à ce pouvoir capitaliste.Je dirais que oui, bien-sûr , et hélas, nous sommes aujourd'hui devenus "alibi du capitalisme".C'est une des raisons de notre grande faiblesse. Nous sommes corrompus ou plus exactement, comme me le disait un camarade l'autre soir en AG de section, nous sommes "altérés". --- Notez bien que je dis faiblesse et pas disparition...Si nous en sommes réduits à ce stade où nous sommes aujourd'hui, c'est justement pour cela - le système capitaliste a gagné un maximum de terrain et nous lui servons d'alibi, comme des tas d'autres choses.Nous lui servons à maintenir l'illusion que le capitalisme est libéral, c'est à dire favorise, promeut, la liberté, y compris celle d'avoir des communistes, supposés être, pourtant, les plus farouches opposants du capitalisme lui-même.Aussi bien le discours finit même par se retourner contre nous ! Comment prétendre en effet que le capitalisme est une dictature permanente et sournoise, la pire de toute, alors que NOUS "existons" encore !C'est une des raisons pour lesquelles je m'oppose fortement à privilégier une bataille de "l'antilibéralisme" par rapport à une bataille contre le capitalisme.Il ne faut pas nous tromper de combat - le libéralisme n'est qu'un symptôme, un pet de lapin sur une toile cirée divertissant, par rapport à la racine de nos maux, qui est reste et sera toujours le capitalisme.Nous sommes, nous communistes, ( ou "nous, PCF" plutôt) actuellement totalement dépendants de la bonne volonté du capitalisme, qui a depuis longtemps la main sur notre gorge, prêt à la serrer autant qu'il le faudra, pour nous faire tenir tranquilles, puis, pour nous supprimer si nous ne courbons pas l'échine.Le système de la 5ème République est fait pour cela. Il était fait à l'origine pour servir les intérêts de la bourgeoisie conservatrice de l'après -guerre; il est aujourd'hui fait pour servir les intérêts du capitalisme financier international dont Sarkozy n'est qu'un valet.Que nous le voulions ou pas, c'est aujourd'hui le fric qui gouverne. Et cela nous concerne aussi.Ne pas l'admettre, ne pas admettre que nos (vaines et à mon avis pathétiques) discussions sur le groupe , les subventions, les moyens financiers , les euros gagnés par les candidats aux législatives, les amendes évitées ou subies pour respect de la parité, les questions d'alliance avec les uns ou les autres, etc, etc, ne pas admettre que tout cela, ce sont des symptômes graves de ce que nous n'existons plus, non pas que par la volonté du PS comme on l'entend souvent , mais que nous n'existons plus que par la bonne volonté du capitalisme (dont le PS n'est en effet qu'un autre cheval de Troie...) , c'est une erreur impardonnable.J'irais même plus loin: tant que cette main capitaliste ne serre pas notre gorge assez fort, c'est que nous avons complètement perdu de notre force et notre pouvoir de nuisance, et qu'elle trouve plus d'avantage à nous maintenir en vie artificiellement qu'à nous éliminer définitivement, pour que nous continuions à "servir" aux fins capitalistes.Je vous parie que si "notre" Congrès devait accoucher au moins d'un DESIR d'une unité , d'une volonté communiste ,marxiste, anticapitaliste, d'un désir de combat sans concession ( ce que j'appelle de mes vœux), si par bonheur, si par sursaut de dignité et d'orgueil, si par intelligence, nous trouvions en nous les ressources et les forces nécessaires pour désirer redevenir communistes, ou plutôt pour que NOTRE parti redevienne le Parti des communistes, le Parti du communisme, nous commencerons à sentir passer immédiatement la rage capitaliste et à voir renaître un anticommunisme réel ( c'est- à -dire ayant des traductions physiques et matérielles).Nous verrons la différence.Nous n'aurons même plus le loisir de nous demander si nous faisons "un groupe" ou pas, parce que nous n'aurons plus de députés, ou que le seuil sera réhaussé à 25. Nous serons purement et simplement interdits ( bien sûr, je force un peu le trait mais c'est pour éclairer au mieux mon propos).Et là corrélativement, et comme cela a toujours été le cas pour les communistes, plus cette main serrera, plus nous recommencerons à bouger et à résister.Plus "nous" redeviendrons résistants.Plus "nous" redeviendrons communistes.De là à souhaiter que nous commencions à en prendre VRAIMENT plein la figure pour "nous" réveiller... Mais hélas, ce serait un bon signe.Un signe que nous serons redevenus vraiment dangereux.Et donc un signe que "nous" serons redevenus vraiment utiles.

6. COMMUNISME, CONSUMERISME, ET LANGAGE
Je finirai cette petite tentative de théorisation, lacunaire et maladroite, par dire que l'un de nos premiers devoirs de communistes, ce doit être aujourd'hui de résister au consumérisme, et de penser une alternative à la société de consommation, de rêver une autre société.Détruire le capitalisme implique d'en passer par là.Ne plus transiger avec cette force immonde, sous quelque prétexte que ce soit.Et quand je dis cela, je m'oppose également à ce que nous continuions à colporter en notre sein des concepts creux venus tous droits de la social-démocratie, comme ceux de "dépassement du capitalisme", ou de "gauche".Quand, dans un texte officiel, on trouve 11 fois le mot "communiste" sur 12 pages et 39 fois le mot "gauche" , et bien c'est que nous avons un sacré problème en notre sein.Si notre objectif c'est bien de travailler sur le communisme, il faut le dire comme tel et ne pas dire que nous envisageons de "penser la gauche" ou de "travailler pour la gauche".Il faut dire "nous allons penser le communisme"", "nous allons travailler pour le communisme". Où est le drame, quelle est l'impossibilité à cela? Je dis cela, non pour le plaisir d'adopter une figure "réactionnaire" mais parce que nier le pouvoir des mots sur la formation des idées, voire, des comportements, serait une folie sinon une stupidité.----- Utiliser un mot ou un concept sans le réfléchir, sans le questionner sur son origine, revient à lui laisser la porte ouverte de notre esprit et à nous faire "contaminer" par lui! Il ne s'agit pas d'être psycho-rigide, mais d'être vigilant sur l'emploi des termes, de tournures de phrases, qui sont tous porteurs d'une philosophie...Surtout lorsque cette "philosophie" est en réalité contraire ou incompatible avec le communisme....En outre, il me semble un peu vain quand on est un parti politique qui oscille entre 5 et 2 % aux élections depuis 10 ans, de prétendre servir de moteur à "la gauche".Et je ne vois pas pourquoi NOUS seuls devrions prendre, au risque de nous en faire crever, la responsabilité de la survie de la gauche! Je l'ai dit, dialogons, réfléchissons, oui, mais que chacun se débrouille de ses petites affaires.Personnellement, seuls m'intéressent et me motivent non seulement la survie, mais encore l'envol du communisme du 21ème siècle avec le PCF, si le PCF c'est bien nous, la majorité, et pas seulement quelques-uns.Mais bien sûr, cela postule que nous croyions encore que le communisme peut et doit être la façon de changer le monde...Et je ne suis pas sûre que ceux/celles qui emploient en permanence le terme de "gauche" le pensent encore (s'ils l'ont jamais pensé pour certain-e-s)...

7. IL FAUT RELEVER LE "PELOTON DE GARDE"
En disant cela, je n'entends pas être inutilement dure et intransigeante avec nos camarades, dont certains sont bien plus anciens et méritants que moi, mais qui ont manifestement baissé les bras - je me contente d'émettre une hypothèse: le combat, le pouvoir, surtout celui-là, use, sans aucun doute, les âmes les mieux trempées et les volontés les plus farouches. Chez tout le monde.Evidemment ce combat implique aussi que nous nous posions des questions sur notre rapport à la violence, à la révolution ( y compris en notre sein), à la liberté....Voilà quel devrait être le sens de notre Congrès, bien plus qu'une question pour savoir si nous devons débaptiser ou pas le PCF, le liquider ou pas, et si oui, comment!Je l'ai dit, je pense qu'il ne faut pas confondre travail sur le cadre ( pour moi accessoire actuellement, en tout cas, tel qu’il est présenté pour l'instant), et travail sur les idées.Il y a cependant et en effet des choses à changer dans la « forme », et la question des supports des idées, de leurs sources, (je parle des êtres humains), est aussi importante car les Idées ne « vivent » pas toutes seules…C'est ce que j'appellerais une éthique politique.

8. PISTES POUR UN CONGRES, LA QUESTION DE L'EXISTENCE DU PCF
Pour préserver notre énergie pour la réflexion sur de "vrais" sujets, je proposerais bien comme préalable à ce Congrès que la question de la « liquidation » du PCF ne soit même pas à l'ordre du jour et que toute proposition qui commencera par aborder les choses sous cet angle soit rejetée, au moins dans cette partie, sans hésitation.Bien sûr, il ne s'agit nullement de faire de cette question un tabou, de poser des interdits "par nature", non, évidemment, nous pourrons en discuter, mais plus tard.Quand nous aurons d'abord rempli notre tâche de communistes.C'est à dire , quand nous aurons élaboré un nouveau projet de société, puisqu'il faut changer celle-ci.Et je ne crois pas que l'effort considérable que demande cette tâche ( et qui ne se résoudra pas en un ou deux ans) implique qu'on en passe nécessairement par la mort du PCF.J'irais même plus loin: ce serait une faute de notre part si nous mettions la charrue avant les bœufs, si nous perdions notre temps à de telles balivernes gauchistes (montées en épingles par des ego disproportionnés ou faibles) alors que, face au capitalisme, face à Sarkozy, face au MEDEF, face à l'UMP, face à l'Europe libérale et à la mondialisation, nous avons d'autres combats à mener et d’urgence.Nos divisions sur un sujet aussi mineur que celui de la "forme PCF" ne seraient , je crois, qu'une arme de plus dans le camp d'en face.Je maintiens que tout le débat actuellement organisé en France, tel qu'il est organisé , sur "la gauche", sa recomposition, sa reconstruction, est un tropisme capitaliste qui est un piège terrible pour nous communistes, et qu'il ne faut pas ycéder.On n'organise pas les forces communistes comme on organise les forces capitalistes.Nous avons besoin d’un espace pour une véritable rénovation, cette rénovation devant être avant tout celle des idées communistes.Cette rénovation, elle ne saurait se résumer à rédiger un « programme d’accompagnement » des méfaits du capitalisme dans nos vies, le tout à base d'une novlangue soi disant "moderne".Et je rejoins de nombreux camarades qui s'expriment ici (je pense notamment à la dernière contribution de Marine Roussillon), nous, NOUS TOUS ET TOUTES, communistes, membres du PCF ou pas, prolétaires, précaires, exclus, nous avons besoin du communisme et du PCF pour changer le monde!

Fraternellement
(merci à La Louve pour toutes ses vivantes contributions)

Salaires, Prix et Profits

K. Marx, "Salaires, prix et profits", 1865, extrait:

"Après avoir montré que la résistance périodiquement exercée de la part de l'ouvrier contre la réduction des salaires et les efforts qu'il entreprend périodiquement pour obtenir des augmentations de salaires sont inséparablement liés au système du salariat et sont provoqués par le fait même que le travail est assimilé aux marchandises et soumis par conséquent aux lois qui règlent le mouvement général des prix; après avoir montré, en outre, qu'une hausse générale des salaires entraînerait une baisse générale du taux du profit, mais qu'elle serait sans effet sur les prix moyens des marchandises ou sur leurs valeurs, maintenant il s'agit finalement de savoir jusqu'à quel point, au cours de la lutte continuelle entre le capital et le travail, celui-ci a chance de l'emporter.Je pourrais répondre de façon générale et vous dire que le prix du marché du travail, de même que celui de toutes les autres marchandises, s'adaptera, à la longue, à sa valeur; que, par conséquent, en dépit de toute hausse et de toute baisse, et quoi que fasse l'ouvrier, il ne recevra finalement en moyenne que la valeur de son travail, qui se résout dans la valeur de sa force de travail, laquelle est déterminée, à son tour, par la valeur des moyens de subsistance nécessaires à sa conservation et à sa reproduction, et dont la valeur est finalement réglée par la quantité de travail qu'exige leur production.Mais il y a quelques circonstances particulières qui distinguent la valeur de la force de travail, la valeur du travail, des valeurs de toutes les autres marchandises. La valeur de la force de travail est formée de deux éléments dont l'un est purement physique et l'autre historique ou social. Sa limite ultime est déterminée par l'élément physique, c'est-à-dire que, pour subsister et se reproduire, pour prolonger son existence physique, il faut que la classe ouvrière reçoive les moyens de subsistance indispensables pour vivre et se multiplier. La valeur de ces moyens de subsistance de nécessité absolue constitue par conséquent la limite ultime de la valeur du travail. D'autre part, la longueur de la journée de travail a également des limites extrêmes, quoique très extensibles. Ses limites extrêmes sont données par la force physique de l'ouvrier. Si l'épuisement quotidien de sa force vitale dépasse un certain degré, celle-ci ne pourra pas fournir journellement une nouvelle activité. Néanmoins, comme nous l'avons dit, cette limite est très extensible. Une succession rapide de générations débiles et à existence brève approvisionnera le marché du travail tout aussi bien qu'une série de générations fortes et à existence longue.Parallèlement à cet élément purement physiologique, la valeur du travail est déterminée dans chaque pays par un standard de vie traditionnel. Celui-ci ne consiste pas seulement dans l'existence physique, mais dans la satisfaction de certains besoins naissant des conditions sociales dans lesquelles les hommes vivent et ont été élevés. Le standard de vie anglais pourrait être réduit à celui de l'Irlande, le standard de vie d'un paysan allemand à celui d'un paysan de Livonie. L'importance du rôle que jouent à cet égard la tradition historique et les habitudes sociales, vous pourrez la voir dans l'ouvrage de M. Thornton sur la Surpopulation. Il y montre que les salaires moyens dans diverses régions agricoles d'Angleterre, encore de nos jours, diffèrent plus ou moins suivant les circonstances plus ou moins favorables dans lesquelles ces régions sont sorties du servage.Cet élément historique ou social qui entre dans la valeur du travail peut augmenter ou diminuer, disparaître complètement, de telle sorte que la limite physiologique subsiste seule. Du temps de la guerre contre les Jacobins, entreprise, comme disait le vieux George Rose, budgétivore et sinécuriste impénitent, pour mettre les consolations de notre sainte religion à l'abri des incursions de ces mécréants de Français, les honnêtes fermiers anglais que nous traitions si tendrement dans un chapitre précédent abaissèrent les salaires des ouvriers agricoles même au-dessous du minimum purement physique et firent ajouter, moyennant les Lois des pauvres, ce qui était nécessaire à la conservation physique de la race. C'était une manière glorieuse de transformer l'ouvrier salarié en esclave et le paysan libre et fier de Shakespeare en un indigent assisté.Si vous comparez les salaires normaux, c'est-à-dire les valeurs du travail dans différents pays et à des époques historiques différentes dans le même pays, vous trouverez que la valeur du travail elle-même n'est pas une grandeur fixe, qu'elle est variable même si l'on suppose que les valeurs de toutes les autres marchandises restent constantes.D'une comparaison analogue des taux du profit sur le marché il ressortirait que non seulement ceux-ci varient, mais que varient aussi leurs taux moyens.Mais, en ce qui concerne les profits, il n'existe pas de loi qui déterminerait leur minimum. Nous ne pouvons pas dire quelle est la limite dernière de leur baisse. Et pourquoi ne pouvons-nous fixer cette limite ? Parce que nous sommes bien capables de fixer les salaires minimums, mais non les salaires maximums. Nous pouvons seulement dire que les limites de la journée de travail étant données, le maximum des profits correspond à la limite physiologique la plus basse des salaires et que, étant donné les salaires, le maximum des profits correspond à la prolongation de la journée de travail encore compatible avec les forces physiques de l'ouvrier. Le maximum du profit n'est donc limité que par le minimum physiologique de salaire et le maximum physiologique de la journée de travail.Il est clair qu'entre ces deux limites du taux maximum du profit, il y a place pour une échelle immense de variations possibles. Son degré n'est déterminé que par la lutte incessante entre le capital et le travail; le capitaliste essaye continuellement d'abaisser les salaires à leur minimum physiologique et de prolonger la journée de travail à son maximum physiologique, tandis que l'ouvrier exerce constamment une pression dans le sens opposé.La chose se réduit à la question du rapport des forces des combattants.(...)"

La guerre des mots

SOURCE: Bellaciao (Jacques Potier)

"Il y a une guerre sur les mots, leur appropriation, leur connotation et leur glissement sémantique. La plupart des médias sont maintenant totalement inféodés au capital. La puissance de traitement de l’information est totalement inédite. La guerre des mots est plus dure qu’elle ne l’a jamais été. D’un seul coup un mot peut devenir un puits sans fond dans lequel toute idée s’engloutit dixit le mot "réforme" pour parler de lois rétrogrades dignes de celles d’avant 1929. Les mots sont aussi blessés par une réalité que certains s’empressent de recouvrir de plusieurs couches de mauvaise foi. Stéphane COURTOIS en est l’un des instigateurs les plus illustre qui mele tranquillement avec un bon sens très peu scientifique le stalinisme et le communisme, ce qui dénature le mot "communisme". Il aurait tout aussi bien pu mêler et avec autant de succès stalinisme et socialisme, l’URSS ne se revendiquait-elle pas son socialiste ? Par association on peut aussi associer le Nazisme au socialisme, il suffit de lui accoler "national". On voit que cela n’a absolument aucun sens.
On voit bien que dans ces entreprises de manipulation, la bourgeoisie et passée maitresse du genre. Les capitaine de la finance disposent d’énormes moyens sur les médias pour détourner ou connoter journellement et formellement le sens des mots avec des journalistes à leur solde. Il n’y a qu’à voir les tentatives sur "service public" ou également sur "sécurité sociale".
Il ne faut pas oublier que cette guerre a aussi été en faveur du peuple. ah oui "peuple" aussi, c’est un mot qui devient difficile à utiliser. Oui cette guerre a été gagnée provisoirement en 45 lorsque Ambroise Croizat mit en place la "sécurité sociale" en lieu et place des "assurances sociales". Il faut voir aujourd’hui les efforts intenses que font les groupes d’assurances pour réactiver le mot "assurances sociales". Pour tout dire, cette bataille sémantique qui permet de s’exprimer à l’ensemble du peuple est une bataille de classe. "Classe" encore un mot difficile à utiliser, peu de gens savent ce que cela représente.
Une autre pour finir. Je discutais avec ma fille BAC+5 qui me disait que son amie était "matérialiste".
Je luis faisais savoir que le matérialisme était une école de philosophie qui n’avait rien à voir avec le consumérisme mais avait à voir avec la démonstration que la matière prévalait sur l’idée et donc était une philosophie qui allait à l’encontre de la pensée idéaliste, religieuse de l’origine du monde. Elle en fut atterrée. Mais peut-on vraiment s’étonner que le matérialisme finisse ainsi, provisoirement dans l’esprit de beaucoup, dans un remugle de vieilles lunes des temples de la consommation permettant de mettre une chape de plomb sur les idée que le matérialisme, le vrai, sou tend ? Alors ? alors il ne faut pas céder d’un pouce sur le terrain du vocabulaire et défendre les mots qui nous servent. Car sans les mots tangibles qui décrivent la réalité (profit, capital, exploiteur, solidarité, communisme, grève, ...), nous n’aurons plus les moyens de faire saisir et de trouver ensemble des solutions à la réalité qui nous écrase."