mardi 30 septembre 2008

Explications détaillées de la crise !

de Thierry Rebour, Maître de conférences à l’Université d’Amiens (SEDET, Paris 7).
Conférence donnée à Reims le 8 juillet 2008 et retranscrite par Farid Benhammou.

Depuis quelques mois, l’économie mondiale est entrée dans une phase de crise.
Tout a commencé aux Etats-Unis par la crise immobilière dite des subprimes, laquelle s’est propagée vers l’Europe assez rapidement. Une forte inflation, en particulier des matières premières, coexiste avec une déprime paradoxale des prix industriels apparemment d’origine structurelle. En outre, des crises financières récurrentes qui vont de bulles spéculatives en krach secouent les indicateurs économiques mondiaux depuis plusieurs dizaines d’années.
En réalité, il s’agit de l’interaction de plusieurs crises au tempo différent : une dépression longue qui touche essentiellement les pays développés depuis plus de 40 ans, où prix et volumes divergent à long terme ; une crise de surproduction (ou/et de sous-consommation), conséquence de la précédente, liée à un ajustement par le bas des revenus du travail dans le monde à cause de la concurrence internationale entre pays de niveau de développement très différent ;
enfin une crise financière, de court terme mais dont les racines sont pluridécennales et dont la conséquence se manifeste par un surinvestissement sur les marchés des matières premières, en particulier les marchés à terme.
Pour comprendre les relations d’interdépendance entre ces trois phénomènes, nous étudierons tout d’abord la crise inflationniste de court terme et nous montrerons qu’elle est une conséquence de la dépression longue. Celle-ci fera l’objet de la deuxième partie. Enfin nous analyserons les effets de feed-back entre conjonctures longue et courte afin de comprendre la nature du problème financier structurel qui affecte l’économie du monde depuis plusieurs décennies.

I - LA CRISE COURTE
Il existe en réalité deux problèmes de court terme dont l’un est la conséquence de l’autre. La crise américaine des subprimes a déclenché une crise financière globale. Il s’agit au départ d’une crise de crédits immobiliers à taux variables hypothéqués sur les dits-biens, touchant non seulement les débiteurs insolvables, mais aussi les bailleurs, principalement des banques. Les soubresauts violents d’un certain nombre de produits financiers, touchés par la crise des subprimes via la titrisation (c’est-à-dire le partage des risques liés aux titres « pourris » à travers des produits financiers divers, parfois très éloignés en apparence des titres initiaux) ont dirigé les spéculateurs vers des investissements plus sûrs. Or, par ailleurs, des tensions inflationnistes apparaissaient dans certains secteurs agricoles et énergétiques, dont il va nous falloir expliquer les causes. Le report massif des investissements financiers vers les marchés de ces secteurs - en particulier les marchés à terme - ont transformé ces tensions en une véritable inflation à l’échelle mondiale.
Les arguments traditionnels répétés en boucle sur les médias pour expliquer cette inflation sont extrêmement discutables. Ainsi sont accusés conjointement :
la hausse de la consommation des nouveaux pays industriels et l’ « essor » apparemment « considérable des classes moyennes consommatrices de céréales, de lait et de viande » ; la sécheresse australienne et les mauvaises récoltes de ces dernières années ;
la substitution de culture de céréales alimentaires en produits énergétiques (dans le but de diminuer les émissions de gaz à effet de serre) ;
l’émergence du peak oil énergétique, c’est-à-dire le moment précis où la moitié des réserves mondiales d’hydrocarbure aura été extraite. La rigidité structurelle de l’offre de ces matières premières, pourtant évidente depuis plusieurs décennies, est bien moins souvent invoquée que celle supposée de la demande. Or, c’est bien ici que la plupart des analystes se trompe.
Il est inutile de s’étendre sur les causes physiques (sécheresses, inondations, etc.) dans la mesure où si elles sont bien réelles, leurs déclenchements - par nature aléatoire - et leurs conséquences révèlent un problème de plus long terme. Le monde a connu d’autres années de récoltes mauvaises ou médiocres sans que l’inflation se déclenchât pour autant.
L’expansion des classes moyennes dans les NPI est quant à elle une fable. Ainsi, par exemple, la demande chinoise en matière première ne représente que 3 % de la demande mondiale (malgré la rapidité de sa croissance) ; celle de lait et de viande est infime (inférieure à 0,5 %).
L’idée fort répandue d’une croissance rapide des salaires - valable dans le cas des petits pays (Dragons d’Asie) où le marché du travail est restreint - n’est pas tenable pour des pays de la dimension de la Chine ou de l’Inde. L’offre de travail y est immense. Il y existe une « armée de réserve » de travailleurs en provenance des campagnes qui interdit toute hausse salariale avant longtemps. Les entreprises industrielles ne sont pas philanthropiques : seule une rigidité de l’offre de travail y justifierait des augmentations de salaire. Elle n’aura lieu ni en Chine, ni en Inde dans les années qui viennent ; tout au plus à la fin du siècle, si le rythme de croissance actuelle se maintenait.
La question de l’éthanol - dont la Banque Mondiale a prétendu récemment qu’elle était la cause essentielle de l’inflation des matières premières alimentaires - est également discutable : cela fait plusieurs années que la substitution culture alimentaire / culture énergétique est en œuvre ; or ce serait justement cette année que les quantités produites atteindraient le point critique, déclencheur d’inflation des produits alimentaires. La coïncidence serait curieuse ! En outre, l’inflation touche toutes les matières premières et non les seules matières premières alimentaires. L’augmentation du volume des cultures énergétiques, jugée capable de hausser par défaut les prix de la nourriture, aurait du logiquement faire baisser les prix de l’énergie, ou au minimum en limiter l’inflation. Or, c’est précisément le contraire qui se produit : énergies et aliments sont conjointement victimes de l’inflation.
Le problème du peak oil censé expliquer les prix élevés des hydrocarbures est une équation qui comporte, par nature, de nombreuses inconnues. Puisqu’on ignore le volume des réserves mondiales, on ignore forcément le moment du peak oil. Prétendre qu’il serait en train de se produire est une affirmation tout aussi gratuite que de d’avancer - comme certains experts le faisaient encore l’année dernière - qu’il aurait lieu en 2050. La vérité oblige à admettre, qu’on aura connaissance de la date du peak oil qu’une fois les réserves de pétrole totalement épuisées. Il sera évidemment alors loin derrière nous ! La loi de l’offre et de la demande n’étant pas rétroactive, il est donc de facto impossible que le peak oil puisse influer sur les prix. Souvenons-nous des fluctuations violentes des prix du baril au cours de ces 40 dernières années et souvenons-nous de leurs causes. Le peak oil n’en est naturellement pas responsable.

II - LA CRISE LONGUE
La question des prix du pétrole est toutefois exemplaire quand on veut comprendre les mécanismes de l’inflation des matières premières. En 1973-1974, l’OPEP décida de réduire les volumes et de multiplier les prix par 4 afin de restaurer des profits menacés par une éventuelle déflation. Ce schéma, de type ciseaux prix / volume, est désormais classique en Occident. C’est même la marque qu’appose la Crise longue à un secteur d’activité, lorsqu’elle l’atteint.
Si l’on prend l’exemple de la France, la crise de ciseaux commence par atteindre le secteur minier au tout début des années 1960. Puis ce fut le tour des textiles, des industries lourdes et du BTP (avant 1973). Vient alors la crise du pétrole, qui a ceci de particulier qu’il représente une part importante des coûts de production. Ainsi, la France « découvre » en 1973 une crise qui était déjà là depuis plus de 10 ans. Pourtant, ce qui arrive à la branche pétrolière est similaire à ce qui était arrivé dans les autres branches précédemment. D’abord des tensions déflationnistes pesant sur les prix et les profits ; puis, une restauration des profits via une baisse des volumes et une hausse conséquente des prix. Les oligopoles industriels ont ainsi été capables de contrecarrer l’inversion des ciseaux prix / volumes. Contrairement à la Grande Dépression de la fin du XIXème siècle, où malgré la déflation, la production avait continué d’augmenter et avait alors laminé la profitabilité, les entreprises ont cette fois anticipé une crise dont elles avaient déjà fait l’expérience. Le caractère oligopolistique ou monopolistique de ces branches a permis aux producteurs d’inverser la baisse des profits en court-circuitant une éventuelle déflation par une baisse anticipée des volumes.
Après 1973, d’autres branches ont continué d’être touchées, dans l’agriculture comme dans l’industrie. Il serait fastidieux d’indiquer par le menu les dates d’entrée des différents secteurs de la production « physique » dans la crise. Au début du XXIème siècle, quel secteur connaît encore une réelle croissance des volumes ? Et la France n’est pas un cas particulier.
La crise longue que les pays développés « découvrent » en 1973 les touche différemment selon leur structure de production. Plus un pays est spécialisé dans des branches qui entrent tôt dans la crise, plus il est tôt touché. Ainsi, les années 1970 seront fatales à des pays ou à des régions tels que : la France du Nord-Est, la Belgique francophone, la Manufacturing Belt américaine, le Royaume-Uni (1er pays touché dès les années 1960, ce qui explique la stagflation britannique dès 1960). En revanche, d’autres pays moins marqués par la Première Révolution industrielle et, par conséquent, spécialisés dans des secteurs entrés plus tardivement en crise, seront également plus tardivement touchés : Allemagne, Pays Scandinaves, Suisse, Croissant périphérique américain, Japon. Il semble même que les Dragons d’Asie soient à leur tour entrés dans cette crise à la fin du XXème siècle ; comme s’il existait un seuil de développement « critique » qu’ils auraient à leur tour atteint.
Les pays en voie de développement, n’ayant naturellement pas atteint ce seuil critique, devinrent alors logiquement le réceptacle de capitaux que les « rendements décroissants » expulsaient des pays développés. C’est ce que les économistes ont alors commencé d’appeler : « Mondialisation ».

III - INTERACTIONS CONJONCTURE LONGUE / CONJONCTURE COURTE
La Crise longue, dans laquelle sont progressivement entrés les pays développés entre 1960 et 2000, procède d’une inversion totale de leurs dynamiques économique et spatiale. Les rendements sont devenus décroissants, via la baisse des volumes. En même temps, les flux spatiaux s’inversaient également avec la fin de l’exode rural et le début de la périurbanisation. Là où les « rendements croissants » avaient provoqué un phénomène millénaire d’agglomération des facteurs de production, les « rendements décroissants » produisent le contraire : une dynamique spatiale centrifuge à toutes les échelles. Les facteurs quittent les villes pour les campagnes périurbaines, les régions industrielles et urbaines (vieilles régions industrielles) pour les régions rurales (parfois appelées « Sunbelt » en vertu d’une théorie fantaisiste de l’héliotropisme), les centres pour les périphéries, les pays développés pour les pays en voie de développement.
Les puissants mouvements de capitaux vers les NPI procèdent de cette logique. Le capital y trouve des rendements croissants qui lui sont désormais inaccessibles dans les pays développés. Par conséquent, ce que les économistes et les médias appellent curieusement « Mondialisation » n’est rien d’autres que le fruit de cette nouvelle dynamique centrifuge. La « Mondialisation » est donc une pure conséquence de la crise. Il s’agit d’une stratégie du capital pour restaurer ses profits, une stratégie spatiale. On sait que les mouvements spatiaux de facteurs sont sous-optimaux, car coûteux.
Pour que le capital y trouve un moyen optimal de restaurer sa profitabilité, il fallait qu’il fût privé de toute autre solution dans le strict cadre des pays développés.
Cependant, si la « Mondialisation » est donc une conséquence de la crise de « rendement décroissant » des pays développés, elle leur renvoie en feed back leurs propres déséquilibres.
En soumettant à la même concurrence, volontairement dérégulée (afin que le mouvement des capitaux en fût facilité) des pays de niveaux de développement et de niveaux de salaire - à productivité équivalente - très différents, la « Mondialisation » a provoqué une augmentation du chômage dans les pays développés. Toutefois, le chômage « keynésien », généré par cette concurrence qui pèse sur les revenus des travailleurs des pays développés et qui ajuste les salaires mondiaux par le bas, est très différent du chômage « classique » qui y existait jusque là à cause de la Crise longue. Rappelons que le chômage « classique » est causé par des coûts salariaux trop élevés - conséquences des rendements décroissants [1] dans les pays développés - ; tandis que le chômage « keynésien » a au contraire pour cause des salaires trop bas - liés à la concurrence internationale. La « Mondialisation », en surimposant ce chômage « keynésien » à un chômage « classique » endémique préexistant dans les pays développés, les a privé de toute possibilité de lutter contre ce chômage. Une baisse des salaires entraînerait une augmentation du chômage « keynésien » proportionnelle à la baisse du chômage « classique » ; tandis qu’une hausse de ces salaires aurait un effet à la fois inverse (augmentation du chômage « classique » proportionnelle à la baisse du chômage « keynésien ») et strictement identique, le maintien d’un niveau de chômage inchangé. Ainsi, le taux de sous-emploi est de l’ordre de 20 à 25 % dans tous les pays développés ; y compris dans ceux qui prétendent avoir atteint le plein emploi avec 3 à 5 % de chômeurs officiels pour plus du double ou du triple de « chômeurs dissimulés » ; soit par une multiplication du temps partiel, soit par un taux de « handicap » démesuré (Royaume-Uni, Pays-Bas, Danemark). De toute façon, la « Mondialisation » prive les gouvernements de toute action efficace contre le chômage.
Dès lors, malgré la croissance du commerce international qui tente de différer la surproduction en se défaussant sur les pays voisins (et en y exportant au passage son chômage et ses déséquilibres), celle-ci est à terme inévitable à l’échelle mondiale. La conséquence en est la déflation qui touche désormais la plupart des secteurs industriels [2].
En outre, un flux croissant d’épargne, liée à l’explosion des inégalités, ne trouve nulle part d’investissement productif, à cause de la faiblesse de la demande mondiale. Cette épargne n’a donc d’autre choix que de se financiariser, alimentant de la sorte des déséquilibres dans ce secteur.
La spéculation amplifie ou raccourcit le flot des transactions financières, provoquant tour à tour expansion et crunch monétaires [3]. Plus les inégalités croissent à cause de la « Mondialisation » et du déséquilibre profit / salaire, plus l’épargne financière augmente, plus les mouvements d’expansion et de ralentissement de ces flux financiers deviennent chaotiques.
Ainsi vint la crise des subprimes qui fait suite à bien d’autres krachs boursiers ou immobiliers durant ces 40 dernières années ; à cette différence près que l’épargne financière n’a jamais été aussi élevée. Or, par « chance », il reste certains titres qui rapportent…
Alors que la surproduction est plus qu’une menace, en particulier pour l’industrie, la baisse des volumes dans certains secteurs en crise depuis 40 ans dans les pays développés provoque paradoxalement des crises pénuriques dans ces secteurs. De la même manière que le chômage « classique » coexiste avec le chômage « keynésien », l’inflation des matières premières coexiste avec la déflation des produits finis. A chaque fois, c’est la logique des rendements croissants dans les pays sous-développés et les NPI qui s’entrechoque avec la logique inverse des rendements décroissants dans les pays développés (et les ex-pays communistes), à cause de la « Mondialisation ». Ainsi, la « hot money » (capitaux flottants de l’épargne financière) trouve son profit dans la faim des miséreux.

CONCLUSION
La crise courte inflationniste qui résulte en partie de la crise des subprimes est, en fin de compte, une conséquence à long terme de la Crise des pays développés. C’est la logique inverse de la dynamique économique dans une partie du monde et dans l’autre qui en est la cause. Dans les pays développés, où le capital tente de contrecarrer les rendements décroissants par une baisse des volumes, la conséquence ultime en est pénurie et inflation [4]. Dans les pays en voie de développement, les rendements croissants mêlés aux inégalités provoquent surproduction et déflation. La stratégie de fuite du capital des pays développés vers les pays sous-développés - en réponse à la crise longue des premiers - fait ainsi s’affronter deux logiques économiques strictement inverses. Aucune politique économique néo-classique n’est plus alors capable d’inverser ce processus.
Thierry REBOUR

[1] La baisse des volumes liée à la crise longue a ainsi logiquement provoqué du chômage « classique » dans les pays développés.
[2] Ainsi est-il vain de croire régler la question du pouvoir d’achat par une baisse des prix, synonyme de surproduction.
[3] Ralentissement brutal de la vitesse de circulation de la monnaie.
[4] Pénurie et inflation sont de même nature : la pénurie est un ajustement par les quantités, l’inflation est la pénurie avec un système de prix.
http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=1371

vendredi 19 septembre 2008

L'arnaque de la rupture conventionnelle

Imaginez-vous, dans le monde des Bisounours...:

Imaginez, un patron et un salarié: ils ont, bien sûr, les mêmes droits, les mêmes chances, les mêmes réseaux d'influence, les mêmes pouvoirs...
Ces 2 là, égaux en tous points, s'entendent pour rompre le contrat de travail qui les lie (Parisot avait parlé de « séparabilité », à l'exception de la CGT, les autres organisations syndicales lui donnent raison...).
« ben quoi? » Direz-vous

  • Que cette invention des temps modernes ne sonne pas la fin du motif réel et sérieux du licenciement ?
  • Que les salariés ont les mêmes intérêts que leurs patrons ?
  • Que les patrons n'exercent jamais, au grand jamais, aucune pression sur leurs salariés ?
  • Que les patrons n'ont pas, enfin, trouver dans le gouvernement du petit Nicolas, une oreille attentive qui les autorise à licencier avec une procédure allégée, sans grand risque de contestation du salarié ?
  • Que le salarié, qui en a marre de subir pressions, mauvaises conditions de travail..., ne succombera pas à la tentation d'accepter la rupture de son contrat ?
  • Que tout ça ne va pas cacher des licenciements collectifs, des licenciements pour maladie, délit de faciès ou de grande gueule...?
  • Que tout ça sera, évidemment, comptabilisé dans les chiffres des licenciements et permettra au petit Nicolas d'annoncer fièrement que la situation économique va mieux ? (bien sûr puisqu'il est là!)
  • Que le salarié, qui constatera finalement s'être fait roulé, surtout quand il aura du mal à trouver un autre CDI..., ne va pas devoir faire preuve de patience et ténacité ?
  • Le délai de contestation devant le conseil de Prud'hommes a été réduit à un an et 62 conseils de prud'hommes viennent d'être supprimés, les délais de jugement vont forcément être plus longs...
  • Que les patrons vont calculer les indemnités de licenciement en respectant les conventions collectives alors que la loi n'oblige qu'au respect des indemnités légales ?
  • Que l'administration, dont les effectifs sont en baisse, va contrôler autre chose que le contenu des imprimés ?

Alors, ...
Vous croyez encore au monde des Bisounours ?

vendredi 5 septembre 2008

Brèves de comptoire

QU’EST-CE QU’UNE COORDINATION ?
Dans une coordination, tout part de l’individu mais rien ne s’y arrête.
Une coordination n’est pas un syndicat. Son but n’est donc pas de les concurrencer mais de donner le pouvoir à la base. Dans un syndicat, c’est le bureau qui décide.
La différence entre un syndicat et la coordination est une différence de nature, de qualité. En pratique, avec une coordination, les individus font ce qu’ils désirent.
L’étymologie du mot le dit : la coordination n’est là que pour coordonner les actions et les réflexions quand c’est possible.
Tout part de chaque individu. Il s’exprime et vote en Assemblée Générale d’usine (ou d’école, etc.)
Cette A.G. élit et mandate deux délégués qui iront à la coordination départementale pour voter selon leur mandat et pour exprimer les idées de leur A.G.
La coordination départementale débat sur chaque proposition qui lui est faite à titre de mandataire ou à titre personnel.
Puis elle l’adopte ou la refuse.
La coordination départementale élit et mandate deux délégués pour la coordination nationale. Le rapport entre la coordination départementale et la coordination nationale est le même que celui qui s’établit entre l’A.G. d’usine et la coordination départementale ou entre l’individu et l’A.G. d’usine.
Les propositions adoptées par la coordination départementale redescendent en A.G. d’usines qui décident ce qu’elles en font.
Les propositions adoptées par la coordination nationale redescendent en A.G. d’usines par l’intermédiaire des coordinations départementales. Les coordinations départementales et les A.G. d’usines décident ce qu’elles en font.
Ainsi se crée un va et vient entre les individus et la coordination nationale où ce sont les individus qui ont le pouvoir. Les délégués ne faisant que transmettre les informations, les propositions ou les votes pour lesquels ils sont mandatés.
Les présidents de séances ne sont pas des chefs.
Ils sont élus pour, et seulement pour organiser les tours de parole. Délégués et présidents de séances sont révocables à tout instant par ceux qui les ont élus.
Un observateur s’exprime toujours à titre personnel.
Il ne vote jamais.
Il peut faire des propositions.
Un délégué peut aussi s’exprimer à titre personnel à condition de le préciser à chaque fois.
Quand un individu constate un "vice de forme" dans le développement d’une réunion, il le signale en criant : "point d’ordre". son intervention est alors prioritaire !
Fait le 15/02/1987 par le "comité pour une coordination"
.
Un contre avis :
On dirait que pour certains il suffit d’ajouter "auto-" à n’importe quel mot (organisation, gouvernement...) pour le rendre "politiquement correct".
Le problème, c’est que personne ne prend vraiment le temps de définir ce que cet "auto" veut vraiment dire.
En fait, on entend ici par "auto-oganisée" ou "auto-gouvernée" une organisation sans hiérarchie entre ses membres. Comme l’explique le texte au départ de ce fil, dans ce système le délégué n’est en fait qu’un messager : il est envoyé à l’assemblée du niveau régional ou national seulement pour "transmettre" les positions de ses mandants dans le cadre d’un mandat impératif.
Et de toute façon, les organismes régionaux ou nationaux n’ont qu’une fonction de coordination, ce sera toujours l’AG de base qui "décide ce qu’on fait".
Cette vision, malhereusement, butte sur deux sérieux écueils :
Le premier, est que ce fonctionnement se place dans une vision très idéalisée des individus. En fait, ses partisans semblent croire qu’alors que les "organisations" sont naturellement mauvaises, et tendent "naturellement" à confisquer le pouvoir et à entrer en compétition entre elles, les individus sont "naturellement" bons, et tendent au contraire à coopérer et ne tirent jamais la couverture à eux.
En d’autres termes, on retrouve la vieille antienne rousseauienne : "l’homme est naturellement bon et la société le pervertit".
On peut se démander d’ailleurs par quelle alchimie mystérieuse des hommes auss naturellement "bons" se comportent aussi mal dès qu’ils sont organisés.
En fait, quiconque aura participé à des "AG de base" d’une communauté "auto-organisé" peut bien voir comment les individus entrent en compétition, et combien certains cherchent à "emporter" le collectif avec eux. Les rapports etnre les membres des collectifs et les coordinations sont souvent aussi manipulatoires qu’entre organisations...
Mais le deuxième ecueil est celui qui envoie par terre tout l’édifice de "l’auto-organisation".
C’est le fait qu’il va contre un principe fondamental de l’économie, qui est celui de la division du travail. Quand j’ai besoin d’écrire un contrat, je vais voir un avocat.
Quand j’ai besoin de lever un mur, je cherche un maçon.
Quand je suis malade, je vois un docteur.
Pour chacun de mes besoins particulier, relevant d’une activité particulière, je cherche une personne qui s’est spécialisée dans cette activité. Qui n’a fait que ça pendant des années. Qui a étudié la question. Qui possède les outils adéquats et sait s’en servir.
Il serait possible de concevoir une société sans division du travail, dans laquelle chacun de nous serait médécin, avocat, maçon, mécanicien automobile et bien d’autres choses encore.
Mais ce serait un énorme gâchis, puisqu’il s’agirait de donner à tous les individus toutes les compétences.
Et il en irait comme le canard de la fable : tout le monde saurait tout faire, mais médiocrement:L’excellence dans un domaine nécessite un effort et une dédication impossible sans division du travail. Menuhin aurait il été le grand violoniste qu’il fut s’il avait eu en outre à construire sa maison, réparer sa voiture, se défendre dans les tribunaux et soigner sa famille ? J’en doute fort...
La division du travail est un multiplicateur de l’efficacité dans toute activité. Et cela inclue l’activité politique.
On sait bien que les organisations ou tout le monde fait tout se sont cassées systématiquement la gueule. L’efficacité d’une organisation commence en général lorsqu’elle est capable de séparer les différentes fonctions, et de trouver les gens les mieux adaptés pour remplir ces fonctions.
La division du travail et la spécialisation sont des processus fondamentaux dans le progrès matériel des sociétés humaines.
Marx et Engels soulignaient l’impossibilité de revenir à un "communisme primitif" antérieur à la division du travail.
Le défi donc est de créer des organisations égalitaires admettant la division du travail.
Et non pas brandir l’illusion que la division du travail peut disparaître.

mercredi 27 août 2008

Les paradis fiscaux et judiciaires

Nous pouvons avec plaisir (ou dégout !), écouter "les paradis fiscaux et judiciaires", vendredi 29 août à 22h15 sur France Culture.
L'émission dure 1h15, elle est podcastable jusqu'à l'émission suivante (lundi 1er septembre).
Elle sera ensuite disponible pendant un mois dans les archives de l'émission "surpris par la nuit", sur le site internet de France Culture. Belle radio à tous

Lorsqu’on pense à un paradis fiscal, on imagine une île enchanteresse où quelques très riches, ou quelques multinationales plus ou moins douteuses, viendraient entreposer leur argent à l’abri du fisc.
En réalité, Londres est la première place financière off shore, et les paradis fiscaux font transiter la moitié du commerce mondial : ils sont, de fait, au cœur du système.

Ils ne fonctionnent pas comme des coffres forts secrets, mais plutôt comme des canaux par où l’argent circule sans être contrôlé, avant d’être réinjecté dans les circuits officiels.
Bernard Da Costa a travaillé comme directeur financier de la région Afrique-Méditerranée du groupe Acergy, une des grandes entreprises mondiales du parapétrolier offshore.
Cette entreprise est cotée au Nasdaq : elle est de ce fait soumise à la loi américaine Sarbanes Oxley sur la transparence et la sincérité des comptes.
Mais les comptes des sociétés françaises du groupe ne donnaient pas, pour chaque exercice, une image fidèle de leurs opérations et de leur situation financière : leurs bénéfices étaient soit attribués à des filiales fantômes basées notamment dans des paradis fiscaux et au Royaume-Uni, soit renvoyés sur des sociétés domiciliées fictivement en Afrique au plan fiscal, soit enfin détournés de France et de pays africains par un jeu de refacturations de complaisance…
Bernard Da Costa a proposé à la Direction du groupe Acergy de régulariser la situation, calamiteuse au plan juridique et fiscal.
Il a été licencié, avec une offre pour acheter son silence. Il a refusé.

Aujourd’hui il parle. Il a conservé toutes les preuves de ses affirmations.
Au travers de ce cas d’école, on retrouve les différents moyens d’action qu’offrent les paradis fiscaux à des dirigeants de groupes peu scrupuleux sans que les auditeurs de ces mêmes groupes y trouvent à redire.
Le secret bancaire est la clé de voûte du système : sans lui, tout s’écroule.
Réfugiés derrière la nécessité du secret bancaire, la Suisse, le Luxembourg, et d’autres paradis fiscaux moins respectables, refusent toute coopération sérieuse avec la justice.
Jean de Maillard, juge rendu célèbre pour sa lutte contre la corruption, explique comment la lenteur des procédures internationales, la corruption des classes politiques (il cite entre autres Berlusconi, qui fait aujourd’hui voter des lois lui assurant l’impunité, et dont la fortune a été assurée par les paradis fiscaux), et enfin l’opacité et la circulation rapide des capitaux, rendent les enquêtes simplement inopérantes.
C’est pourquoi on parle de paradis fiscaux et judiciaires : leur prospérité ne repose que sur les garanties d’opacité qu’ils offrent (trust, fondation au Liechtenstein, société écran…).

En France, la fraude fiscale nous coûterait 50 milliards d’euros par an, selon le syndicat des impôts, le SNUI, soit 2 à 3 % du PIB ! L’équivalent de la dette…
Pour l’ensemble des pays du Sud, le Tax Justice Network évalue la perte annuelle à 500 milliards d’euros : dix fois le montant de l’aide qui leur est accordée.
L’universitaire américain Raymond Baker estime qu’entre 15 à 30 milliards d’euros issus de la corruption sont transférés annuellement hors des pays du Sud.

Jean Merckaert, du CCFD, explique que les financements des « seigneurs de la guerre » passent par les paradis fiscaux et judiciaires, comme les réseaux de traite des êtres humains ou le pillage des ressources naturelles (pétrole, bois, diamants…).
Enfin, ces paradis fiscaux et judiciaires permettent une circulation extrêmement rapide et incontrôlée de capitaux spéculatifs, (on parle de « hot money ») : ils décuplent les crises économiques par le retrait brutal d’énormes masses financières (cf la récente crise des subprimes).
Ces flux étant incontrôlables, John Christensen, du Tax Justice Network qui avait déjà annoncé la crise des subprimes, prévoit d’autres crises financières majeures dans la décennie à venir.

Aujourd’hui, les Etats de l’OCDE ont pris conscience de la manne qu’ils perdent avec l’évasion fiscale, et sont décidés à faire pression sur les paradis fiscaux : voir l’affaire récente entre l’Allemagne et le Liechtenstein (lorsque les services secrets allemands ont révélé une liste de clients européens bénéficiant de comptes au Liechtenstein), ou les attaques du Congrès américain contre la vénérable banque suisse UBS.
Mais, d’une part, l’usage des paradis fiscaux se démocratise : aujourd’hui les banques proposent des services « d’optimisation fiscale » aux classes moyennes supérieures aux Etats Unis, et déjà aux PME en Europe.
D’autre part, Singapour et d’autres paradis asiatiques se montrent tout à fait offensifs, et prêts à prendre la relève.
Enfin, conclut Xavier Harel, aucun des noms français de la liste achetée par les services secrets allemands n’a encore été rendu public…
Signe que le pouvoir politique, en France comme ailleurs, n’a pas la volonté (ou les mains libres ?) de faire le ménage.

Quelques chiffres (SNUI) : On dénombre environ 70 paradis fiscaux.
Parmi eux, les îles caïmans abritent 80 % des fondsd’investissement du monde gérant plus de 1 000 milliards de dollars d’actifs, les îles vierges logent la moitié des sociétés non résidentes du monde, 225 banques et 820 fonds d’investissement sont implantées dans les îles anglo-normandes (source : Plateforme paradis fiscaux et judiciaires).

Selon le Groupe d’action financière (Gafi), le blanchiment représente 2 à 5 % du PIB mondial brut.

samedi 9 août 2008

Le communisme est mort, vive le communisme !

nov.2007
Par Sève Lucien Philosophe - Membre du PCF de Bagneux (Hauts-de-Seine)

Telle qu’elle me paraît engagée en vue des rendez-vous de fin 2007 puis 2008, la discussion sur le problème capital qui nous préoccupe tous nous confronte à un dilemme de caractère, je le crains, très fallacieux.
D’un côté, pour le dire succinctement, l’évidence semble bien être que le communisme est mort. Mort comme système social avec l’implosion de l’Union soviétique ; mort comme force politique avec, pour ce qui nous concerne, l’irrémédiable 1,93% de l’élection présidentielle ; mort comme proposition intellectuelle avec un effacement public de Marx dont je ne sais si nous mesurons la profondeur, masqué qu’il nous est par un travail de recherche vivace mais confidentiel.
Cet état de fait nourrit une conviction susceptible d’être déclinée de diverses façons politiques mais qui toutes optent au fond pour un premier terme de l’alternative : il faut renoncer au communisme.

D’un autre côté, cette supposée évidence est en tout point contestée.
Où prend-on que l’implosion de l’URSS sonnerait le glas d’un socialisme foncièrement repensé à partir des rudes leçons d’hier, quand le capitalisme court à l’abîme ?
Que le très mauvais résultat du parti à la présidentielle annulerait les forces qu’il conserve et le dynamisme qu’il anime ?
Que le silence médiatique sur les fondamentales vues de Marx ôterait sa pertinence au message du Manifeste ?

Il y a énormément à réexaminer, à réinventer, à réengager, nul n’en doute, mais le cap vaut plus que jamais, donc l’instrument historique qui fait corps avec lui.
Conséquence : il faut garder le parti communiste.

Si tel est bien le dilemme à affronter – avec du vrai des deux côtés, mais dans des perspectives inconciliables –, mieux vaut ne pas se leurrer : il n’a d’issue prévisible que dans une séparation de corps entre les uns et les autres.
La dialectique n’efface pas les « ou bien..., ou bien... » de l’histoire.
Et la logique de l’émiettement de ce qui fut le communisme français peut aller encore au-dessous de 1,93%.
Mais est-ce le bon dilemme ?
Je le conteste pour une double raison.
La première est qu’il tourne tout entier autour du communisme – mot et chose – sans que soit vraiment, à mon sens du moins, désamorcé le terrible piège qu’il recèle.
De quoi parle-t‑on au juste ?
A la clarification exigeante du terme « communisme » tient l’issue du débat et donc l’avenir du combat.
C’est par elle qu’il est impératif de commencer.
La deuxième raison est que, si on veut bien la considérer avec attention, l’alternative ci-dessus formulée – « il faut renoncer au communisme », « il faut garder le parti communiste » – n’épuise qu’en apparence les réponses pensables, pour la simple raison que sont en jeu deux termes et non un seul : « communisme » et « parti ».
Je suis quant à moi irréversiblement attaché à une troisième manière de répondre qui me paraît occultée sans raison connue : il faut absolument conserver communisme et radicalement dépasser parti.

I. « Le communisme » : une terrible équivoque
La très grande majorité des Français, y compris sans doute nombre d’électeurs, voire de militants communistes, tiennent pour une parfaite évidence que, selon une formule connue, « le communisme a été essayé, et il a radicalement échoué ».
Dans cette phrase-clef, que veut dire « le communisme » ? Pour simplifier, disons : trois choses :

1) la sorte de société qu’ont représentée, par-delà leurs différences, l’Union soviétique, les pays d’Europe de l’Est, une demi-douzaine d’autres dont le Cambodge de Pol Pot (le cas de la Chine fait problème pour tout le monde) ;
2) le type d’organisation politique qu’avec des variantes ont pratiqué les partis composant le mouvement communiste, le PCF en étant tenu pour une exemplaire illustration ;
3) le mode de pensée qu’a longuement donné à voir le « marxisme-léninisme » sous ses diverses figures doctrinales, celles notamment du matérialisme dialectique et historique comme du socialisme scientifique.

On peut longuement épiloguer sur l’appréciation historique à porter sur « le communisme » ainsi défini, en faisant valoir à bon droit ce qu’on doit aussi lui reconnaître d’apports théoriques, de mérites politiques, d’avancées sociales.
Bien rares sont ceux qui pour autant ne l’associent pas à l’idée d’un radical échec d’ensemble, et si pénible que ce puisse être il faut bien en convenir. Sans même parler des crimes, les sociétés qui se sont construites plus ou moins à l’image de l’URSS n’ont semble-t‑il eu à terme le choix historique qu’entre disparaître ou s’ouvrir au capital.

Les partis nés de la IIIe Internationale – pour ne rien dire ici de la IVe – apparaissent sauf rares exceptions voués eux-mêmes à l’autodissolution ou à la marginalisation.
Et si des lectures renouvelées de Marx en donnent à voir toute l’actuelle fécondité, nombre de certitudes doctrinales proclamées par ce qui s’est appelé le marxisme n’ont pas résisté elles-mêmes au temps et ont perdu tout crédit.
Seuls des autistes politiques peuvent affecter de le nier : « le communisme » est bien mort.

Maintenant, revenons un instant à Marx. Chose stupéfiante : ce que lui n’a cessé de penser sous le mot communisme n’a à peu près rien à voir avec « le communisme », c’est même sur nombre de points plutôt le contraire.
Avant tout, le communisme n’est ni un état social à instaurer ni un idéal à réciter mais le « mouvement réel qui dépasse l’état de choses existant ».
Premier point crucial : un mouvement par quoi avance l’histoire au présent.

Mouvement vers quoi ?
Vers le complet dépassement du capitalisme, forme la plus extrême des sociétés de classes, le passage à une forme sociale sans classes où s’achève la préhistoire humaine pleine de bruit et de fureur.

Mouvement par quoi ?
Par la résorption de toutes les grandes aliénations historiques du genre humain – l’aliénation n’étant pas pour lui, comme on semble croire, une disgrâce parmi d’autres mais l’appellation la plus globale de tous les dessaisissements à quoi nous condamne la société de classes dans les domaines les plus divers quoique intimement communicants – économique, écologique, sociétal, politique, éthique, idéologique, culturel, existentiel...

Le communisme, c’est l’immense processus, nécessairement mondial bien que nationalement enraciné, par quoi les humains associés se réapproprient leurs puissances sociales de tous ordres et émergent enfin ainsi d’un monde d’horreurs qui n’a rien de naturel.

Une chose et son contraire sous une même phrase
Il n’est pas besoin d’être long pour établir que « le communisme » n’a pas eu grand chose du communisme visé par Marx.
Les « pays communistes » ?
Pas un seul ne s’est jamais dit lui-même communiste, et pour cause : en aucun d’eux, quels qu’aient pu en être les mérites partiels, les travailleurs associés n’ont été maîtres de leurs puissances sociales ni libérés de formes classiques ou inédites d’aliénation – à mille lieues du « à chacun selon ses besoins ».
Stalinisé ou brejnévisé, « le socialisme » n’a nulle part été l’antichambre annoncée du communisme, il lui a au contraire tourné le dos jusqu’à se vouloir « rattrapage du capitalisme ».

Les « partis communistes » ?
Même ceux qui se sont nommés ainsi ont retiré il y a longtemps le communisme de leur visée réelle au profit d’un « socialisme » supposé plus réaliste, alors que la conquête du pouvoir censée en ouvrir l’accès s’avérait, elle, inaccessible, de sorte que leur activité de plus en plus alignée sur le calendrier électoral a fait d’eux des partis comme les autres, mais sans chance crédible de devenir jamais dirigeants, les vouant ainsi à une implacable désaffection.

Les « idées communistes » ?
Une enquête montrerait que sous ce qualificatif est massivement placé par l’opinion commune le contraire même des vues de Marx – productivisme, étatisme, dédain de la démocratie et de l’individu...
Mais nous-mêmes ? S’il m’est permis de le dire, menant depuis vingt-cinq ans un effort de pensée et de proposition pour que le communisme de Marx prenne place au centre de notre culture, j’ai pu mesurer à quel point son contenu effectif nous est en général resté peu familier.

On en vient ainsi à un constat aussi décisif que paradoxal : ce que l’idéologie dominante, celle de l’adversaire, appelle « le communisme » – et nous aussi hélas, trop souvent – a si peu de rapport avec le communisme marxien qu’il en est sur plus d’un point le contraire.
En résulte un terrible malentendu : le même énoncé – « le communisme est mort, il faut l’abandonner » – est passible de deux significations politiques opposées.

Premier sens : « le communisme », tel que l’entend le parler courant – étatisme généralisé, bureaucratisme de parti, doctrinarisme de pensée... – a été décisivement invalidé par l’histoire et c’est dans un tout autre sens qu’il faut désormais chercher – je ne vois pas quant à moi qui peut le contester.
Deuxième sens : le communisme, tel que l’a entendu Marx, n’est plus d’aucune pertinence et c’est dans un tout autre sens qu’il faut aujourd’hui s’orienter – avec cela on est fondé à être, et je suis pour ma part, en désaccord radical.

Que « le communisme » soit mort n’est plus à débattre : c’est un fait massif et têtu ; que le communisme soit obsolète n’est en rien établi avant débat : c’est au contraire la question à examiner, et à expérimenter.
L’idée si répandue selon laquelle « le communisme a été essayé, et il a échoué » relève de la totale équivoque.
Si l’on a en vue ce que le parler courant nomme « le communisme », c’est flagrant ; si l’on pense au communisme de Marx, c’est absurde : en ce sens, le communisme n’a aucunement échoué pour la bonne raison qu’il n’a jamais existé nulle part.
Même le PCF n’a, sauf exception, jamais encore fait de la politique avec le communisme.

On peut certes se demander si le communisme est susceptible de devenir un « mouvement réel », sous quelles formes et par quelles voies au 21e siècle – voilà une question cruciale.
Mais se demander s’il faut « abandonner ou conserver la référence au communisme », sans plus de précision, n’a aucun sens clair.
Laisser s’engager le débat dans une telle confusion serait à mon sens un désastre.

Je suis pour ma part de ceux, très nombreux, qui constatent que « le communisme » est mort – et ne nous laissons pas abuser par des apparences : même chez un mort la barbe continue un certain temps à pousser – et qu’il faut non pas simplement « y renoncer » mais en faire très attentivement notre deuil.
En même temps je suis de ceux – hélas bien moins nombreux qu’il ne faudrait – qui jamais n’abandonneront le communisme dans l’authenticité et la plénitude de son acception marxienne, et qui considèrent même qu’un tel abandon constituerait la plus impardonnable des fautes historiques.

II. Communisme : pourquoi ?
Parce que c’est la seule alternative vraie à ce capitalisme qui sur un rythme accéléré conduit l’humanité à sa perte.
En quoi est-ce la seule alternative vraie ?
Pour dire en trois phrases ce qui exigerait un gros livre : en ceci que le capitalisme est fondamentalement la mise en privé universelle ; il prive ainsi les humains de la maîtrise collective sur leurs puissances sociales – les avoirs, les savoirs, les pouvoirs.
Il est la forme extrême de l’aliénation humaine.
Sortir vraiment du capitalisme, c’est donc aller vers la mise en commun universelle de tout ce qui est social en en développant l’appropriation par tous : communisme.
Preuve contraire : l’échec partout du « communisme » sans communisme, ce « socialisme » mensongèrement donné pour « première phase du communisme » quand il lui tournait le dos sur tous les points essentiels – pas d’appropriation collective des moyens de production par les travailleurs associés mais leur confiscation par une nouvelle couche privilégiée, pas de dépérissement de l’Etat mais l’instauration d’un despotisme, et en fait d’émancipation des consciences, une mystificatrice idéologie officielle dépolitisante.
Ce qui a été disqualifié par l’histoire n’est pas un communisme qui jamais ne fut « essayé » mais le socialisme sous toutes ses variantes, sans oublier les variantes social-démocrates, c’est-à-dire la promesse intenable d’une désaliénation ne s’en prenant pas au fond même des aliénations majeures.

Un seul dirigeant a vu clair au 20e siècle dans cette cruciale question du communisme : Lénine, mais dans un contexte où n’existait aucune de ses préconditions nécessaires.
Après quoi tout a été enseveli dans le « socialisme scientifique » stalinisé.

Le concept du communisme nous est encore si peu familier que beaucoup d’entre nous ne peuvent s’empêcher d’y voir un « idéal », une « utopie », oubliant l’essentiel : il s’agit avant tout d’un mouvement réel.
On objecte : mais comment dire réel un mouvement qui n’existe pas encore ?
C’est simple : il n’existe pas encore, hélas, comme mouvement conscient de forces sachant en faire leur visée concrète, mais comme mouvement inconscient de l’histoire, sa réalité crève les yeux.
Exemple : « à chacun selon ses besoins », utopie ?
Mais les révolutions en cours de la productivité réelle annoncent en clair comment une production de prodigieuse efficacité, à condition d’être délivrée des colossaux gâchis capitalistes et réorientée vers les besoins de tous, peut en faire au cours même de ce siècle une réalité naissante.
De semblables pistes de réflexion s’entr’ouvrent partout – rôle décisif des savoirs dans le travail et dépassement du salariat, Internet et démocratie, révolution biomédicale et santé pour tous, métissage étendu et émergence concrète d’un genre humain...

Le capital est à la fois le pire ennemi de toute avancée communiste et le très involontaire fourrier de ses préconditions – Marx et Engels l’avaient déjà bien vu dans le Manifeste.
Oui, le communisme n’attend que nous pour devenir mouvement consciemment réel.
Des vues stratégiques d’une foncière nouveauté

Un texte individuel comme celui-ci ne peut bien entendu se proposer de faire ce que seule produira une vaste élaboration collective.
Mais à simplement considérer de façon attentive l’idée de base que le communisme est le mouvement réel dépassant toutes les grandes aliénations historiques de l’humanité, on voit se dessiner plusieurs vues stratégiques cardinales en rupture avec ce que furent trop longtemps les nôtres.
Dépassement de toutes les aliénations historiques : le communisme est désaliénation universelle ou n’est pas, non pas seulement parce que chaque aliénation est à résorber mais parce que toutes s’entrecroisent – ainsi l’exploitation économique a vitalement besoin de s’étayer sur la domination étatique et la mystification idéologique.
Conséquence : le mouvement réel du communisme, s’il a un caractère de classe, n’est pas celui d’une classe en particulier – même si le peuple ouvrier y est au premier chef concerné – mais de toutes les forces collectives et individuelles avides de quelque désaliénation.

Pour reprendre une formule à mes yeux judicieuse, la force communiste dont il est besoin doit être celle non d’une classe mais d’un projet un et divers à la fois : tout ce qui renvoie même de façon très indirecte à la logique infectieuse du capital, tout ce qui constitue un présupposé négatif ou positif de son dépassement possible peut et doit être source de mouvement communiste réel. Le champ des initiatives à prendre est immense.

Dépassement de toutes les aliénations historiques : si l’on entend bien ce terme-clef d’aliénation – métamorphose de nos activités sociales en puissances étrangères écrasantes, telles les dictatures de la rentabilité financière, de la raison d’Etat sarkozyenne, de l’évidence néolibérale... –, en résulte une vue stratégique encore plus cruciale.
Car rien ici ne peut être octroyé : toute réappropriation est l’œuvre propre des personnes elles-mêmes ou n’est pas.
Faire aujourd’hui de la politique avec le communisme exige donc de rompre avec ce qui fut l’essence de la culture révolutionnaire traditionnelle, aujourd’hui caduque : conquête du pouvoir d’Etat comme préalable d’une transformation sociale par en haut avec organisation verticale de parti en conséquence.
C’est là qu’est le plus essentiel à repenser du tout au tout.
Car cette façon d’envisager la désaliénation conduisait droit au maintien dans l’aliénation – c’est le drame du « socialisme réel » et des partis communistes.

Si les meilleurs esprits d’hier – Lénine, Gramsci – l’ont pourtant adoptée, c’est qu’il n’y en avait pas d’autre quand manquaient tragiquement les présupposés objectifs et subjectifs d’un mouvement communiste.
Le fait capital de ce siècle commençant est que le niveau de développement des forces productives et des individus rend envisageable, et pour une part déjà effectif en dehors même de nous, ce qui ne l’était pas naguère : un multiforme processus de réappropriation engagé au présent sur tous les terrains possibles.

Le communisme sort de l’« idéal » pour devenir réel.

Dépassement de toutes les aliénations historiques : à son tour, le mot dépassement – celui même de Marx (en allemand : Aufhebung) quand il parle du communisme comme « mouvement réel » – ajoute encore de l’essentiel à ce qui précède.
Une désaliénation est inévitablement un processus en temps long, hors de portée d’un acte révolutionnaire soudain même si des décisions de pouvoir peuvent le favoriser, mais c’est un processus que rien ne peut empêcher de s’engager aujourd’hui même.
Ceci condamne tout renvoi du dépassement du capitalisme à un après-conquête du pouvoir qui n’est jamais venu dans aucun pays développé, et dans la supposée préparation duquel c’est en fait la subalterne bataille électorale qui accapare sans cesse les forces.

Le mouvement du communisme s’engage aujourd’hui dans de tout autres batailles qu’électorales ou ne s’engagera jamais.
Par-delà les vieilles images d’Epinal de « la révolution » – du moins pour ce qui concerne les pays le plus développés –, il faut réfléchir à l’idée forte d’évolution révolutionnaire, processus multiforme et inégal mais poursuivi avec esprit de suite d’initiatives engagées, de succès partiels remportés, de rapports des forces modifiés, d’élévation d’enjeu des initiatives dès lors possibles...

Oui, on peut faire dès aujourd’hui de bonne politique avec le communisme. Et à moins du communisme, au point où en est le capitalisme, je ne vois pas quelle bonne politique est possible.

Abandonner la référence au communisme ?
Supposons qu’une certaine entente se manifeste sur une vision de cet ordre.
Mais pourquoi tenir à l’inscrire sous l’emblème du communisme ?
Est-ce bien voir, demande-t‑on, à quel point le mot, fût-ce par malentendu, est décrié, donc combien de forces potentielles on risque d’éloigner à vouloir le maintenir ?
Voilà qui pose bien trop petitement la question d’un mot aussi puissamment symbolique.
Si on mesure toute sa portée, je tiens qu’il y a au moins trois raisons déterminantes de persister à nommer communisme le mouvement transformateur à déployer, et communiste la force organisée s’y consacrant.

1 – Un mouvement politique qui se veut grand doit dire en toute clarté ce qu’il est et ce qu’il vise.
Vous prétendez dépasser le capitalisme ? Dites-nous sans faux-fuyant par quoi vous comptez le remplacer.
Exigence irrécusable, qui exclut l’échappatoire d’une caractérisation purement formelle comme « transformation sociale profonde » – en quel sens ?
Sarkozy aussi engage une « transformation sociale profonde » – ou négative comme « antilibéralisme » ou même « postcapitalisme » – qui peut se contenter de pareil chèque en blanc ?
Il faut un mot disant sans équivoque vers quelle sorte de société profondément nouvelle on veut dépasser le capitalisme. Le seul mot juste est communisme : au ravage de l’universelle mise en privé, il s’agit d’opposer le processus où se met en commun la maîtrise de toutes les grandes activités sociales.

Que malgré tout ce qui au 20e siècle en a révélé les failles profondes le « socialisme » puisse retrouver demain en Amérique latine une certaine crédibilité ou non, l’avenir nous le dira.
Pour ce qui nous concerne en tout cas, il est crucial de marquer clairement, en récusant la référence au « socialisme », la rupture délibérée avec ses formes stalinisées aussi bien que la radicale insuffisance de ses variantes social-démocrates.
Hésiter à placer notre action sous le signe du communisme, ne serait-ce pas en fait gravement méconnaître à quel point il est déjà tard dans l’histoire du capitalisme ?

L’implosion du camp soviétique l’a rendu fou – même des hommes du grand capital s’en inquiètent fort : seul au monde, il fonce désormais vers un abîme, y entraînant avec lui l’humanité.
Les Verts ont réussi à faire une grande cause politique du souci écologique ; n’avons-nous pas à faire une tout aussi grande cause politique du souci anthropologique, à l’heure où la frénésie schizophrène du taux de profit financier pousse à un point inouï la déshumanisation de nos vies et engage un tragique holocauste du sens de toutes les activités humaines ?

Que maints artistes flairent la venue d’un fascisme économique porteur d’autres horreurs que celles même du 20e siècle donne à penser. Beaucoup commencent à le sentir : devient urgente une insurrection générale en faveur du bien commun.

Et c’est en un tel moment que nous trouverions judicieux de mettre à la poubelle le drapeau d’une telle insurrection, le mot communisme ?
Serions-nous en train de devenir fous nous-mêmes ?

2. A côté de cette capitale raison stratégique, j’en vois une autre non moins décisive : politique au sens direct du terme.
Depuis bientôt un siècle est marqué dans la vie politique nationale un emplacement profondément original, celui d’une force tenant une notoire place à part dans l’éventail de « la gauche » : inconfondable d’origine avec le socialisme réformiste, à plus forte raison depuis qu’il s’est mis à tenir le capitalisme pour définitif, mais inconfondable aussi avec l’extrême-gauche trotskiste et toute forme de gauchisme en ce que, refusant le stérile enfermement sectaire, elle ne renonce jamais aux plus larges ententes susceptibles à tous niveaux de faire avancer les choses.
Cet emplacement correspond dans la conscience, voire l’inconscient de tous à l’étiquette : communiste.

Dans la perspective même, foncièrement inédite, d’un mouvement communiste réel, un tel positionnement politique n’est en rien obsolète ; il ne fait que prendre plus encore de pertinence. Abandonner l’étiquette communiste et par là l’identification à cet emplacement nécessaire gravé dans les consciences et les pratiques politiques relèverait à mes yeux du plus aberrant des non-sens.
On peut du reste être certain que si nous commettions cette insigne erreur, l’étiquette communiste ne tarderait pas à être brandie par d’autres, et vu ce qu’ils en feraient nous risquerions bien de terriblement le regretter – mais trop tard, car un tel abandon est aussitôt irréversible.

3. Ma troisième raison est une contre-raison.
A ce qui vient d’être dit, je ne connais qu’une vraie objection, d’allure modeste mais souvent jugée irrésistible : quoi qu’on dise, le mot communisme demeure massivement évocateur de Staline et du Mur de Berlin, de la « dictature du prolétariat » et du « bilan globalement positif », de cent autres choses de même résonance qu’il est superflu d’énumérer ici, et désormais, en plus, du terrible 1,93%.
C’est un mot empoisonné, répulsif, inemployable.
Nous avons perdu notre crédibilité à un point tel qu’aucune remontée n’est concevable sans un acte symbolique de radicale innovation – cet acte, ce ne peut être que le solennel abandon de la référence communiste.

Ce qui frappe en premier dans l’audience que paraît avoir cet argument chez nombre de communistes avec ou sans carte, c’est la profondeur du désarroi qu’elle traduit.
Oui, alors que nous avons voué nos vies à la plus haute des causes humaines, il y a eu Staline et Pol Pot pour la déshonorer, il y a eu aussi un long cortège de sottises historiques en tous genres pour la discréditer. Il y a eu tout ce qui fait que « le communisme » est bien mort.
Quel communiste peut ne pas le ressentir au plus profond ?
Mais ce qui relèverait à mon sens d’une extraordinaire inconséquence, ce serait qu’en renonçant au communisme de Marx parce que « le communisme » l’a odieusement trahi nous mettions ainsi nous-mêmes un incroyable signe d’égalité entre les deux.

J’ai eu bien des occasions de parler devant des auditoires divers du communisme tel que l’entend Marx : j’ai bien sûr rencontré plus d’une fois de l’incrédulité – « ce serait trop beau » – mais pas une fois, j’en témoigne, la moindre hostilité.
La seule raison de renoncer au communisme serait donc qu’il est le plus souvent confondu avec « le communisme », à plus d’un égard son contraire ?

Et par notre abandon nous contresignerions cet invraisemblable malentendu ? Aberrant.
La paille des choses et le grain des mots

Certes, dira-t‑on, si « communisme » est irrécupérable, il est vrai qu’à communisme il n’y aurait pas de raison de renoncer.
Mais c’est que nous savons faire toute la différence entre les deux ; l’opinion, de façon massive, ne le sait pas, au point que vouloir disculper le communisme des fautes du « communisme » passerait pour une pitoyable argutie.
Voici justement le point où l’argument se retourne contre lui-même.
Car en somme il revient à dire : la bataille pour détromper nos concitoyens sur un point d’importance aussi cardinale est perdue d’avance, mieux vaut y renoncer.

Et c’est ce défaitisme fondateur qui donnerait le coup d’envoi à une combative novation politique ?
On pourrait dire tout aussi bien – tout aussi mal : la bataille est perdue d’avance pour convaincre nos concitoyens que le capitalisme est dépassable, mieux vaut y renoncer.
Terrible est la logique de pareils renoncements : enclenchée, elle devient sans rivage.

Veut-on oui ou non engager pour de bon le dépassement du capitalisme ?
Si oui, il faut se préparer à bien des batailles « perdues d’avance » en se créant les moyens de les gagner. L’une des plus décisives est de donner à comprendre ce qu’a été le drame du 20e siècle : ayant commencé en un temps et un lieu où ses préconditions essentielles faisaient défaut, le communisme s’est dénaturé en « communisme » voué à terme au plus noir échec.

Aujourd’hui, dans des conditions bien plus mûres et forts des rudes leçons de cet échec, nous pouvons mettre pour la première fois à l’ordre du jour le communisme en son authenticité et sa plénitude.
Faire entendre largement cela au peuple français, et aux autres, ne sera ni aisé ni rapide ; tous les bâtons nous seront mis dans les roues – raison de plus pour développer sans délai cette bataille incontournable.
Car qui ne comprend pas le drame du 20e siècle ne saura jamais s’orienter correctement dans le 21e.

C’est pourquoi retirer le mot communisme en croyant supprimer la difficulté serait un vrai marché de dupes.
Le garder nous contraint au contraire à l’indispensable effort suivi d’explication avec les autres et avec nous-mêmes.
La droite ne nous a-t-elle pas donné une éclatante leçon en la matière ?
Dans l’après-guerre, le mot droite était si discrédité par tout ce qu’il avait couvert durant l’Occupation allemande qu’à part une poignée d’extrémistes personne ne voulait s’avouer de droite.
Et puis il y a eu Thatcher, Reagan, Giscard, l’offensive néolibérale, une vraie campagne de réhabilitation du mot, et aujourd’hui un Sarkozy a pu s’en faire un triomphal drapeau.
Aurions-nous moins d’audace que la droite ?

Au reste, si l’adjectif communiste devait, par notre carence, rester captif de son acception répulsive, il faudrait être d’une grande naïveté pour s’imaginer que l’adversaire de classe aurait le bon goût de ne pas stigmatiser une formation authentiquement anticapitaliste en lui collant quand même l’étiquette « communiste », sa répudiation étant dénoncée comme pure hypocrisie.

De cet argument ne subsiste au fond qu’une chose, mais importante : la nécessité d’une très forte rupture symbolique avec une façon de faire de la politique qui n’en peut plus et dont la plupart ne veulent plus.

Je tiens pour fondée cette exigence de rupture.
Mais ce avec quoi il faut emblématiquement rompre n’est pas communisme, c’est Le Parti.

III. Communisme : comment ?
Donner vie à la perspective communiste esquissée plus haut implique des façons essentiellement nouvelles de faire de la politique et de s’organiser à cette fin.
Questions déterminantes qui ne trouveront réponse appropriée que dans le mouvement réel – c’est une formidable expérimentation politique en vraie grandeur qu’il s’agit d’engager.

A titre exploratoire, essayons d’en dire d’avance un peu davantage en acompte personnel sur une réflexion collective.
Faire de la politique avec le communisme, c’est avant tout multiplier les initiatives transformatrices désaliénantes sur tous les terrains et avec la participation de qui veut.

On mesure la maturité objective d’un mouvement communiste aujourd’hui dans un pays comme le nôtre à la spectaculaire abondance des occasions de telles initiatives qu’offre sans cesse l’actualité.
Enquêtes accusatrices sur l’insupportable charge de travail chez Renault ou IBM jusqu’à pousser des salariés au suicide, réactions d’enseignants à l’idéologie pédagogique peu croyablement rétrograde sous la démagogie qui traverse toute la « Lettre aux éducateurs » de Sarkozy, refus montant des révoltantes franchises en matière de soins médicaux, adresse de Michel Platini aux chefs d’Etat contre le pourrissement du foot par le fric, sensibilité croissante des professionnels à l’asservissement de la presse, refus massif chez les chercheurs scientifiques de voir réduire le CNRS à une agence de moyens, énormes scandales de gestion à répétition pointant la nécessité de droits nouveaux des salariés dans l’entreprise, profondeur des remous éthiques suscités par l’affaire du test ADN d’appartenance familiale... : il suffit de reprendre une collection récente de l’Humanité pour remplir des pages entières avec les exemples d’initiatives possibles, les plus opportunes étant celles qui touchent au cœur des logiques du capital tout en disposant au départ de quelque atout favorable – reconstruire une confiance dans le succès possible du combat anticapitaliste est de première urgence.

Mais qu’y a-t-il là de neuf ?
S’emparer d’une actualité révoltante pour en clarifier le sens et en dénoncer les causes, montrer la possibilité de faire autrement en avançant des contre-propositions et en engageant des actions, n’est-ce pas à quoi le PCF s’efforce depuis toujours ?

Oui bien entendu, il s’y efforce avec mérite selon la façon de faire de la politique qui est la sienne en tant que parti. Le résultat en est connu : affaiblissement continu depuis maintenant près de trois décennies jusqu’à un niveau tel qu’en bien des lieux et domaines la survie même de sa capacité d’initiative est en cause.

Impossible d’échapper à la conclusion que quelque chose d’essentiel est à reconcevoir dans cette manière de faire de la politique. Quoi donc ?
En quel sens « faire de la politique autrement » ?
Comment se présente en général une initiative du PCF sur un sujet d’importance majeure ?
La direction nationale étudie la question, adopte des décisions, lance l’action en invitant toutes les cellules à s’impliquer, à appuyer, à relayer une initiative élaborée au-dessus de leur tête.

Dans son principe même, et quelques correctifs secondaires qu’on puisse s’efforcer d’y apporter, ce mode d’initiative à visée désaliénatrice trouve donc moyen d’être aliénant en lui-même : on y saisit l’adhérent en le dessaisissant.
Contradiction structurelle, puisque la cellule, organisme territorial « de base » – au sens de tout en bas – n’a ni la taille ni les moyens d’élaborer et animer par elle-même d’amples initiatives transformatrices, alors que son statut généraliste lui fait en principe devoir de les prendre toutes en charge.
Quelle que puisse être la bonne volonté des individus, c’est forcément « le sommet » qui décide de ce qui compte.
Sans doute était-ce naguère la seule manière de faire de la politique émancipatrice avec un peuple largement immature ; elle est aujourd’hui d’un intenable archaïsme.

La crise flagrante de la forme même qu’est un parti – avant tout instrument de conquête du pouvoir impliquant du même coup pouvoir de la direction sur les militants – fait éclater cette antinomie : le combat pour l’émancipation sociale ne peut absolument plus se mener dans la sujétion militante.
Les femmes et les hommes d’aujourd’hui, dans leur masse, exigent le plein exercice de leurs responsabilités.
Là n’est pas la moins forte des raisons qui expliquent la mort du « communisme », ni le moindre indice de maturation du communisme.

Est-il concevable de mener tout autrement des initiatives communistes ?
Imaginons. Impératif de base : que jamais leurs acteurs n’en soient dépossédés.
Ce qui vaut dès le départ : l’initiative donc naît sur le terrain – groupe d’entreprises ou de services, arrondissement urbain ou grand ensemble, région rurale... – et y demeure.

Concrètement : les adhérents d’une section – au sens actuel du terme – décident ensemble des initiatives qu’ils jugent les plus judicieuses dans le contexte qui est le leur – décision révisible, évolutive –, chacun choisissant lui-même à quel collectif d’initiative – nommons-le ici par convention atelier – il veut prendre part.

L’atelier a tout pouvoir pour élaborer son initiative : étude de données, appropriation de connaissances, fixation d’objectifs, engagement d’actions...
Dans d’autres sections, d’autres régions, des ateliers mènent une initiative analogue : des informations et expériences sont échangées, des problèmes communs mis à l’étude, des objectifs plus ambitieux adoptés...
Sans perdre ses racines, sans échapper à la responsabilité plénière de ses acteurs, l’initiative devient l’affaire commune de toute une famille d’ateliers, elle peut se nationaliser, voire s’internationaliser ; elle devient pépinière de compétences et de porte-parole, instrument de transformation à taille efficace comme jamais cellule n’a pu l’être.

Les ensembles d’ateliers aux objectifs les plus variés s’interconnectent eux-mêmes en fonction des besoins : une initiative contre les insupportables charges de travail recoupe celles qui visent à de nouveaux droits des salariés, au pluralisme de l’information médiatique, au développement de la prévention sanitaire...
Un mouvement politique communiste s’esquisse, dans le prolongement des « mouvements sociaux » de la dernière décennie, mais dépassant par construction leur triple difficulté structurelle : limitation du champ travaillé, absence de débouché politique, par là-même risque récurrent d’instrumentalisation par un parti.

Le centre de gravité de l’action politique passe des faits et gestes d’une direction à l’initiative sur le terrain, sur tous les terrains : on commence à rendre palpable une sorte vraiment différente de politique.
Est-ce « utopie » que de voir commencer ici à se dissoudre le rapport aliéné du dirigé au dirigeant, à changer de sens le mot « base », à émerger la politique hors de la forme-parti où elle s’asphyxie ?
N’est-ce pas pourtant en revenir au décevant « culte du spontané », incapable de produire une vraie cohérence ?
Sous cette interrogation affleure une conviction ancestrale que chacun porte pour une part au fond de lui-même : la cohérence ne pourrait être produite que par une direction.

Qui dit cohérence dirait verticalité, donc maintien nécessaire de la forme-parti.
Je tiens que cette conviction est hantée à son insu par un préjugé de classe qu’a relayé dans la tradition communiste un bolchevisme stalinisé : il faudrait toujours un chef. C’est faux.

Partout autour de nous fonctionnent des cohérences sans verticalité. Les équilibres biologiques ne sont régulés d’en haut par aucun dieu.
Le cerveau humain, explique le prix Nobel Gerald Edelman, produit d’extraordinaires cohérences que n’assure aucun poste de commande, fût-ce cortical.
Nombre de chercheurs scientifiques refusent en ce moment même à infiniment juste titre qu’on prétende leur imposer toute autre cohérence que celle du libre mouvement des savoirs fondamentaux.

La vérité est qu’il y a deux moyens opposés de produire de la cohérence : une verticalité externe ou une horizontalité interne.

En politique, la première est la formule même de l’aliénation, la seconde celle d’une possible désaliénation.
C’est celle qu’il nous faut absolument explorer en matière d’organisation s’il est bien vrai que le 1,93% nous condamne à changer de façon radicale sous peine d’entrée dans un coma irréversible. C’est celle qui est déjà à l’œuvre, trop souvent sans nous, dans tant d’efforts au présent sur les terrains les plus divers de la transformation sociale. Du parti au mouvement.

Regardons de près ce que requiert pour sa cohérence un mouvement communiste tel qu’on vient de l’esquisser.
Les militants à l’initiative dans le maillage général en ateliers n’ont nul besoin d’instances décidant à leur place ; ils apprennent eux-mêmes à décider de façon experte, selon le principe communiste : « Que chaque cuisinière apprenne à gouverner l’Etat ! ».
Ce qui répond à leur besoin n’est pas la délégation de pouvoir à une direction mais la centralisation de savoir au service des acteurs directs – une capitale revalorisation et réanimation du travail d’idées communiste est à tous égards urgente.

La cohérence de leurs initiatives repose sur d’incessants échanges : d’informations, de questions, d’analyses, de propositions... Organiser ces échanges avec une efficacité économe, produire une visibilité de l’ensemble, préalable de toute prospective pertinente : c’est le rôle de centres à divers niveaux.
Des centres – appelons-les par exemple conseils – ne confisquant rien du pouvoir de décision des ateliers et de leur maillage, redécentralisant sans cesse au contraire des moyens élaborés de mieux décider.
Ceci oriente vers une sorte d’organisation politique en rupture avec le parti.

L’idée a prévalu dans les années 90, malgré des avis contraires inécoutés, qu’on résoudrait la crise du PCF en s’en prenant à la centralité – entreprise qui serait foncièrement néfaste si elle n’était impossible : aujourd’hui comme hier continuent bien sûr d’exister à tous niveaux des organismes centraux dans le PCF.
Ce n’est pas la centralité qui fait la crise mortelle de la forme-parti mais la verticalité qu’elle recouvre, celle d’une direction détenant seule, par position, les moyens de décider pour tout ce qui compte et qui, voulût-on le contraire, dépossède les militants de la maîtrise des initiatives dont ils ont pourtant à être les acteurs.
Disons-le sous une forme provocante mais imparable : la verticalité est anti-communiste.

Tant qu’on n’aura pas surmonté l’angoisse directionnelle à l’idée d’une radicale élimination de la verticalité, la façon « communiste » de faire de la politique continuera d’apparaître à tous, non sans motif, semblable à celle des autres partis – préjugés anti-communistes en plus et crédibilité de l’accès au pouvoir en moins.

Qui veut venir aujourd’hui dans une organisation politique à vocation émancipatrice pour y être dirigé ?
Nous venons de payer horriblement cher d’avoir trop peu senti combien se reconnaître dans un dirigeant national de parti, même personnellement sympathique, répugne aujourd’hui à beaucoup.

Croire sauver le parti en s’accrochant à la verticalité, ce serait travailler à perdre sans retour le communisme politique.

Pour engager sur tous les terrains un dépassement du capitalisme au présent, ce dont il est besoin comme force organisée n’est plus un parti mais un mouvement – donnons-lui ici par hypothèse un nom qui dise en clair à la fois sa raison et son mode d’être : Initiative communiste (IC).

IC est avant tout dès le départ un maillage naissant d’ateliers qui engagent des initiatives transformatrices dans l’intense échange horizontal qu’ont à tâche de favoriser des conseils de divers niveaux, de la section à l’échelon national.
C’est un ensemble de chantiers auxquels participe qui veut, la responsabilité des décisions restant aux adhérents du mouvement.
IC n’a pas de direction mais un conseil national travaillant à centraliser l’expérience, cerner les problèmes, organiser le débat, en décentraliser les résultats dans leur pluralité.

Des divergences d’orientation se manifestent : on les traite sur le mode de l’expérimentation ouverte soumise au critère de la pratique.
Résorption du pouvoir vertical dans la centralité horizontale : nous sortons du parti pour passer à un tout autre type de force organisée, inédit dans la vie nationale, propre à renouveler en profondeur l’attitude des milieux populaires, des intellectuels, de la jeunesse envers la politique.

Déplacer résolument le centre de gravité de la politique sur les terrains de la transformation sociale n’équivaut en rien à négliger les exigences de la politique institutionnelle, mais à les aborder comme des aspects subordonnés de l’action d’ensemble.
Les fortes spécificités de ces tâches dictées par le système institutionnel – batailles électorales, participation à des pouvoirs, relations extérieures... – peuvent suggérer d’en confier l’exécution à des délégations mises en place par le conseil national d’IC.
Ces délégations, disposant d’une réelle autonomie d’initiative et d’une forte visibilité publique, ne sauraient pour autant – point capital – jouer le rôle d’une direction : elles se verraient fixer leur orientation par le conseil national et à travers lui l’ensemble des ateliers dont il n’est qu’un organe, restant responsables devant eux de l’accomplissement de leur mandat.

Avec la disparition d’un Secrétariat national – mais non de plusieurs porte-parole attitrés –, on passe de très voyante manière au-delà de la forme-parti.
Par-delà celles et ceux qui se veulent expressément communistes, beaucoup, partageant telle ou telle des mêmes visées anticapitalistes, font dans les conditions présentes un choix différent.
La criante nécessité du « tous ensemble » oblige donc à se prononcer sur le mode d’entente à rechercher entre les uns et les autres.
Deux hypothèses se présentent :

1) la constitution d’une force alternative unique fédérant des entités distinctes dont l’une seulement se référerait au communisme ;
2) la conclusion d’un pacte entre formations diverses, dont la communiste, chacune conservant son autonomie.
Je soutiens quant à moi cette deuxième formule, pour la raison qu’à mon sens ne peuvent durablement cohabiter des forces politiques n’ayant pas sur les points essentiels un même projet historique.

La spécificité du projet communiste en sa pleine acception est à mes yeux trop forte pour se plier à une vision commune n’y faisant que très incomplètement droit.
Préférable me paraît une association à buts concertés en commun – expression publique, initiatives politiques, stratégies électorales... – réservant à chaque partenaire une entière liberté de jugement et une responsabilité plénière sur ses démarches propres.

Ultime question, non la moindre : comment parvenir à cette nouvelle organisation ?
Cela suppose de satisfaire à deux exigences contradictoires.
1) Il est exclu que le PCF soit son creuset, pour cette décisive raison de fond que la verticalité ne peut donner naissance à l’horizontalité. Le croire possible est précisément ce qui conduit à 1,93%. Il faut admettre sans réticence de se placer d’emblée au-delà des organisations existantes pour faire exister une force de nouvelle génération.
2) Mais il est non moins exclu que les adhérents du PCF acceptent de renoncer à leur parti sans garantie majeure quant à l’authenticité communiste de la formation où ils se retrouveraient avec d’autres.
Si cette lourde décision devait leur apparaître comme une aventure, ils ne seraient pas nombreux à s’y impliquer. Je ne le ferais pas moi-même. Or le principe d’une telle garantie n’est pas difficile à concevoir : il faut, entre co-fondateurs motivé-e-s de la nouvelle organisation communiste, travailler à un clair manifeste de ses buts et moyens jusqu’à susciter l’accord de tous, ce document de référence servant de préalable aux assises ouvertes qui en constitueront l’acte de naissance.
Il ne peut s’agir de demander à quiconque un saut dans l’inconnu, mais bien à tous un saut vers l’avenir.
Garder le PCF ou renoncer au communisme : ce dilemme condamne à un double désastre. L’issue est d’inventer une force inédite pour donner vie à un communisme du 21e siècle.

Sève Lucien, Philosophe - Membre du PCF de Bagneux (Hauts-de-Seine)

vendredi 27 juin 2008

Lettre ouverte aux états-majors syndicaux

"Face à la casse généralisée des acquis populaires, seule la construction d'une action déterminée « tous ensemble et en même temps » permettra de stopper la rupture sarkozyste et de remettre la France sur la voie des libertés démocratiques et du progrès social !
Blocage de fait des salaires et pensions, démantèlement de la Fonction publique, de l'Education nationale, et des autres services publics (hôpital, SNCF, EDF-GDF, poste, F.T., impôts…), casse et délocalisation de l'emploi industriel, démolition des conventions collectives, du droit du travail, des statuts publics, étranglement des retraites à répartition et de la Sécu, traque des chômeurs, harcèlement contre les ouvriers sans papiers tout juste bons à payer des impôts, destruction du CNRS, privatisation rampante de l'Université…

La « rupture » sarkozyste s'attaque avec brutalité à l'ensemble des acquis sociaux, républicains, laïques et démocratiques du peuple français sous l'impulsion du MEDEF et de l'Union européenne, qui ne cesse de sommer la France de réduire dépenses publiques et sociales. En ce début d'été 2008, la France subit une contre-révolution euro-libérale de grande ampleur et une régression sociale sans précédent depuis 70 ans.
Face à cette offensive mortelle, les Français rejettent massivement la politique socio-économique du gouvernement. Une large majorité de salariés se dit prête à participer à un mouvement d'ensemble pour arrêter le rouleau compresseur de l'UMP et du MEDEF. Des luttes nombreuses et résolues ont lieu (salariés du public et du privé, chômeurs, lycéens, retraités et assurés sociaux, mais aussi travailleurs indépendants écrasés par une politique entièrement au service des grands actionnaires).
Notre peuple, sa jeunesse et ses travailleurs, ne se résigne à devenir un peuple d'esclaves !Pourtant la plupart des états-majors syndicaux continuent d'accompagner la « rupture ».
Au lieu de dénoncer l'ensemble de la politique antipopulaire d'un gouvernement qui s'attaque au droit de grève et refuse tout compromis, ils entretiennent la fiction de « négociations » sujet par sujet et signent des accords régressifs, sous prétexte d'obtenir un « moindre mal »... qui débouche toujours sur le pire.
Car signer avec Sarkozy, c'est lui donner de l'oxygène pour continuer à casser ensuite (le dernier épisode en date étant la signature du désastreux accord sur la « représentativité syndicale » par les directions CGT et CFDT, sur laquelle le gouvernement s'est immédiatement appuyé pour annoncer que le temps de travail serait désormais « discuté » par entreprise).Parallèlement, les directions confédérales, pourtant censées coordonner les luttes et les revendications à l'échelle inter-pro, s'appliquent à multiplier les ripostes dispersées, chaque secteur étant appelé à son tour à de grandes journées d'actions isolées et sans perspective.
S'agirait-il alors d'organiser des barouds d'honneur à la seule fin de donner des gages à une base combattive ? En tout cas, le chef de la CFDT vendait récemment la mèche, en s'inquiétant dans le Monde de ce que le gouvernement « nous entraîne dans une mobilisation globalisante, ce contre quoi j'ai toujours résisté, y compris dans la CFDT » ...
Dans ces conditions, le choix est aujourd'hui plus que jamais pour chaque profession de perdre séparément en plongeant pour longtemps dans l'enfer de l'exploitation sans limite, ou de construire démocratiquement et d'urgence une action « tous ensemble et en même temps » pour gagner et ré-ouvrir enfin des perspectives progressistes.

Les signataires de cette lettre s'engagent à tout faire pour faire monter cette exigence dans leur entreprise, leur quartier, leur syndicat. La balle est dans le camp des directions syndicales nationales qui doivent cesser « d'accompagner » la rupture afin de reprendre le seul chemin gagnant : faire le lien entre toutes les contre-réformes, travailler concrètement à préparer avec les salariés les conditions de l'affrontement de classe victorieux avec ce pouvoir destructeur, construire l'unité dans l'action des travailleurs et de la jeunesse."

SIGNER ICI: http://tous-ensemble.dyndns.org/

samedi 29 mars 2008

Election municipale, Attribution des sièges !

Election municipale 2008 - attribution des sièges

Commençons par l’exposé de la méthode pour l’attribution des sièges
Article L. 262 et L272-5 du code électoral
Une fois effectuée l'attribution des sièges de membre du municipal en application des dispositions de l'article L. 262, les sièges des seuls conseillers d'arrondissement sont ensuite répartis suivant le système de la plus forte moyenne pour chaque liste.
Pour chacune des listes, ils sont attribués dans l'ordre de présentation en commençant par le premier des candidats non proclamé élu membre du conseil du conseil municipal.

1er arrondissement : nous prendrons cet arrondissement comme exemple des calculs.

Nombre de CM : 4
Nombre de conseillers d’arrondissement : 14
Suffrage exprimés : 10085

GC : 5919 >50%
P : 1868
Modem : 629
Audaces : 1324
LO : 124 <5%
FN: 221 <5%

Suffrages pris en compte: Elimination des listes < à 5%, 10085 (exprimés)- 124 - 221= 9740

1. Calcul des CM: 4 sièges à pourvoir. GC ayant plus de 50% des voix obtient immédiatement la moitié de ces sièges. Soit 2.
Restent 2 sièges à attribuer. Pour le premier : On divise le nombre de voix obtenues par le quotient électoral Quotient électoral :
9740/2 = 4870 GC = 5919/4870 = 1 CM pour GC P = 1868/4870 = 0
Pour le poste restant : On divise le nombre de voix obtenues par la somme du siège acquis et celui restant GC = 5919/1+1 = 2959 P = 1868/1 = 1868 2959 étant > à 1868, le siège est attribué à GC.

En résumé, la liste de GC obtient 2+1+1 = 4 CM
Ce seront les 4 premiers de sa liste.

2. Calcul des conseillers d’arrondissement :

14 sièges à pourvoir. Mais 4 sont déjà CM. Il ne reste donc que 10 postes à attribuer.

La liste de GC étant > 50%, obtient automatiquement la moitié de ces postes (arrondie à l’entier supérieur dans le cas d’un nombre impair), soit 5 conseillers.

Pour les 5 restant, on calcule le quotient électoral (suffrages pris en compte/par le nombre de postes à pourvoir), soit 9740/5 = 1948

On divise alors le nombre de voix obtenues par ce quotient électoral.
GC = 5919/1948 = 3 sièges P = 1868/1948 = 0
0 pour les autres listes dont le score est< à 1948
Restent 2 sièges à attribuer. Pour le premier : On divise le nombre de voix obtenues par le nombre de sièges déjà attribués (sur les 5) plus le siège en jeu : GC = 5919/4+1 = 1183 P : 1868/1 = 1868 1868 étant > à 1183, le siège est attribué à la liste Perben, 1 siège.

Pour le second :
On divise le nombre de voix obtenues par le nombre de sièges déjà attribués (sur les 5) plus le siège en jeu :
GC = 5919/4+1 = 1183 P : 1868/1+1 = 934
1183 étant > à 934, le siège est attribué à la liste GC, 1 siège.

En résumé, la liste GC obtient 5+3+1 = 9 sièges de conseillers d’arrondissement ( en plus des 4CM, soit au total 13).

Ce seront ceux qui suivent les 4 premiers CM. Dons à partir de 5ème position sur la liste jusqu’au 13ème sur le liste de GC.

Perben 1 siège de conseiller d'arrondissement.

mardi 4 mars 2008

Sectes : Sarkozy s'aligne sur Washington

Par Paul Aries, politologue, directeur du Sarkophage (*).

Les propos de la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon, estimant que les sectes constituent « une non-menace » et soutenant que la liste établie en 1995 serait « scandaleuse », ne constituent pas une surprise pour les spécialistes.

Je dénonçais déjà dans le journal l’Immondialisation de novembre 2004 la capitulation du gouvernement Raffarin-Sarkozy-Villepin sous la pression américaine. Les faits ont depuis confirmé cette thèse : il n’est plus politiquement opportun de combattre les sectes et notamment la Scientologie.
Comment en est-on arrivé à cette démission politique ?

Les sectes sont un des vecteurs de la mondialisation capitaliste, qui se réalise sous l’égide des États-Unis. On peut ainsi établir un parallèle entre la situation actuelle et celle des « nouveaux mouvements religieux » de la fin du XIXe et du début XXe siècle.
Les États-Unis utilisèrent déjà ouvertement certains mouvements (la théosophie notamment, mais aussi les mormons et les adventistes) pour combattre la « vieille Europe » et ses deux principaux adversaires de l’époque : le catholicisme et l’athéisme.
Ces mouvements ont ensuite décliné du fait du succès, au cours du XXe siècle, des diverses idéologies progressistes (socialisme, féminisme, tiers-mondisme, freudisme, etc.). Ces mêmes sectes, ou d’autres, refont aujourd’hui surface dans le contexte de la nouvelle mondialisation et de l’effondrement des forces progressistes.
Les États-Unis recommencent donc à exporter leurs sectes dans le cadre d’une « guerre des dieux » qui risque bien d’être un événement majeur du XXe siècle. La France a très vite perçu la dimension politique du phénomène sectaire.

J’ai commencé à travailler sur ce dossier dans le cadre d’une équipe constituée à la demande de Simone Veil, alors ministre de la Santé, puis j’ai continué sous d’autres couleurs politiques sans qu’il y ait de différences majeures d’orientation. À l’exception notable de la période où Alain Vivien dirigeait la MILS et s’était donné comme objectif d’aller vers la dissolution de la Scientologie considérée comme « secte absolue ».
La France a subi alors d’énormes pressions américaines au niveau gouvernemental. On se souvient des rapports américains mettant la France au niveau des dictatures. Cette guerre larvée entre Paris et Washington n’aurait pas été aussi violente si la France s’était contentée de combattre les sectes sur son propre sol mais sa volonté de poursuivre le combat à l’étranger pour mieux défendre sa vision du monde la mettait en concurrence directe avec les États-Unis sur la question de la définition de la « liberté religieuse ».
Cette notion ne signifie pas ce que chacun croit comprendre. Elle impose une nouvelle vision du monde notamment dans le domaine des rapports entre religion et politique, contraire à toute la conception républicaine. Le but est d’opposer à la conception des droits de l’homme et du citoyen issue de 1789 une conception des « droits de l’homme et du religieux » profondément antagoniste.
Bill Clinton donnera raison au lobby religieux en faisant adopter en 1998 une loi qui permet au gouvernement américain de sanctionner les pays hostiles à cette vision.

Peut-on ainsi au nom de sa foi violer des règles d’ordre public ?
L’Allemagne nous en a donné une monstrueuse application avec l’affaire de cette juge, désavouée ensuite par un tribunal de Francfort, refusant d’accorder le divorce à une femme d’origine marocaine battue par son mari parce que le Coran ne condamne pas les mauvais traitements entre époux. L’adversaire principal de cette conception de la « liberté religieuse » se trouve être la France et sa maudite laïcité.
La France s’est donc trouvée en concurrence directe avec les États-Unis sur la « question religieuse » internationale, c’est-à-dire sur la conception même de la société.
Le gouvernement américain profitera de la réunion de l’OSCE du 27 octobre 1998 pour accuser la France d’être « la cheville ouvrière » d’un véritable plan concerté qui, sous le prétexte de la lutte anti-sectes, chercherait à étrangler cette nouvelle « liberté religieuse » et à nuire aux intérêts américains.
L’ambassadeur spécial américain, Seipple, menacera même la France de déposer plainte devant l’OMC pour « discrimination à l’égard des minorités religieuses ».
Face aux pressions, Paris rompra les relations diplomatiques sur ce dossier entre 1998 et 1999. La France tentera également de résister au rouleau compresseur américain en mobilisant d’autres pays (22 répondront présents à l’appel de la MILS).
Le gouvernement français publiera même dans le International Herald Tribune (sous forme de publicité) un long texte argumenté contre la Scientologie américaine, reprenant mes propres travaux.
Le but était alors de convaincre une partie de l’opinion publique américaine en passant par-dessus le gouvernement américain. Crime de lèse-majesté absolu.

Le 11 septembre 2001 constitue une rupture totale au sein du combat anti-secte. L’objectif est désormais de s’unir contre l’islamisme politique, ce qui suppose de revoir les jeux d’alliances internationaux, donc de cesser pour cela de vilipender la Scientologie.
Les signes à destination du gouvernement américain se succèdent depuis à un rythme soutenu. On se souvient de la poignée de main volontairement médiatisée entre Sarkozy et Tom Cruise au moment même où le président Chirac refusait toute rencontre avec ce VRP de luxe de la Scientologie.
On se souvient aussi de la lettre du 1er avril 2004 de Raffarin demandant de cesser de « stigmatiser » certaines sectes car, disait-il, « il importe que la France ne puisse être soupçonnée de porter atteinte aux libertés religieuses ».
La transformation de la MILS en Miviludes fut aussi une façon de dire qu’il n’y avait plus de « secte absolue », bref que Paris ne considérait plus la Scientologie comme un danger.
En somme, la France changeait radicalement de politique sans en informer les citoyens.
Ce revirement est logique dans le cadre de l’importation en France de la révolution conservatrice mondiale symbolisée depuis par la victoire électorale de Sarkozy.

La prochaine étape sera la reconnaissance officielle de la Scientologie.
La gauche a aussi une part de responsabilité en ayant choisi de ne pas ébruiter les pressions américaines.
Les citoyens peuvent cependant faire basculer la volonté du prince : quelle conception de la société veulent-ils léguer à leurs enfants ?

(*) Auteur de la Scientologie, une secte contre la République. Éditions Golias, 1999.

mercredi 23 janvier 2008

La face cachée de la généralisation du BAC Pro en 3 ans !

L’entreprise de démantèlement du Service Public français par la droite au pouvoir se poursuit…
Après avoir mis à mal La Poste, l’audio-visuel public, le service public de l’emploi, de l’eau, EDF-GDF, la SNCF, le service public des impôts…. C’est au tour de Xavier DARCOS, Ministre de l’éducation de continuer ce sale boulot !!!

Subitement et sans concertation aucune Xavier DARCOS a décidé la généralisation du Bac Pro en 3 ans au lieu de 4 et la suppression des BEP alors qu’une telle décision ne peut que bouleverser toute la formation professionnelle par voie scolaire ou par apprentissage.
Cette gifle donnée à toute la communauté éducative, élèves, parents, professeurs…. est inacceptable et mérite un zéro de conduite.
Elle est inacceptable dans la forme : en application de la Loi, la carte des formations professionnelles doit être arrêtée en commun par l’Etat et les Régions. A ce jour, aucune Région n’a été consultée. C’est en plus sans compter que les Régions devront assurer l’évolution des équipements suite à la modification des référentiels, et que le nombre d’élèves va se modifier ce qui influera sur tous nos projets de construction et rénovation. Ce mépris des collectivités est inacceptable.
Elle est inacceptable sur le fond et c’est sans doute le plus grave et le plus inquiétant. Elle prépare une refonte complète de notre système éducatif.
Nous serions naïfs de croire que les profonds changements en perspective seront faits pour le bien de notre jeunesse ! Faire en 3 ans ce que l’on faisait en 4 dans des classes surchargées et en supprimant les classes passerelles n’aura comme conséquences que plus d’exclusion, plus d’échec scolaire et de sorties sans qualification, pour nos enfants les plus fragiles mais aussi la suppression de 8800 emplois d’enseignants dans le second degré pour 2008 et 20000 emplois par an pendant les 4 années suivantes.
Voilà le véritable objectif de ce gouvernement : supprimer des postes en faisant fi des véritables besoins dans notre Société. Rien qu’en Rhône-Alpes, ce sont par an 4600 jeunes qui sortent du système éducatif sans qualification et 32000 qui sont inscrits dans les fichiers de l’ANPE et des Missions locales. Là où il y a urgence à traiter une triste réalité, le gouvernement continue de saboter tout espoir d’un avenir meilleur !!!

La semaine prochaine alors que sera proposé au vote de l’Assemblée Plénière du Conseil Régional une délibération pour lutter contre le décrochage scolaire, l’entreprise sournoise de démantèlement de nos acquis dans ce pays se poursuit.
Mais, ne nous trompons pas, ce qu’ils veulent c’est un changement important de notre système éducatif pour un changement profond de notre Société, une société avec une élite de plus en plus réduite en capacité de gérer les affaires du pays et des cohortes de gens formés au minimum, exploitables et corvéables à merci.

Marie France Vieux Marcaud
VP Région Rhône Alpes

lundi 14 janvier 2008

LES MENSONGES SUR LE TRAITE DE LISBONNE

Libéraux de droite comme de gauche, UMP, Modem et direction du PS, relayés par la presse patronale (Le Monde, Libé, Le Figaro, ….), diffusent, comme en 2005, une série de mensonges à propos du traité modificatif européen (Traité de Lisbonne) qu’ils veulent voir ratifié à tout prix. En voici 5, parmi d’autres :

A propos de la laïcité :

Nouveauté par rapport au Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TCE) : « l’héritage religieux » est mentionné comme « source de la démocratie, de l’Etat de droit et des libertés fondamentales » ; par contre, comme dans le TCE, l’Union Européenne (UE) reconnaît les Eglises, mais pas la laïcité (le mot et la chose sont absent des textes). Le retour en force de l’ingérence des Eglises est ainsi encouragé. L’Europe des Lumières s’obscurcit dangereusement. Les droits des femmes à peine conquis sont directement menacés. Le Vatican triomphe avec l’aide du chanoine qui préside la République.

A propos de la démocratie:

Comme dans le TCE, quelques dispositions renforcent le poids du Parlement européen, mais celui-ci reste largement un Parlement croupion : il n’est pas l’unique législateur et ses pouvoirs de contrôle sont limités (pas de séparation des pouvoirs), il ne peut pas proposer ses propres textes (le monopole de l’initiative est maintenu en faveur de la toute puissante Commission européenne qui peut s’opposer aux attentes du Parlement et du Conseil des ministres tous deux pourtant issus du suffrage universel). Le citoyen qui peut changer, par le suffrage universel, son maire, son parlementaire, son gouvernement est totalement impuissant face à une Commission européenne qui n’est pas comptable de ses actes. Le traité modificatif ne modifie pas le caractère technocratique et opaque d’une Commission européenne plus que jamais aux ordres des lobbies de la finance et du business.

A propos du néolibéralisme des politiques européennes :

La disparition de la formule « concurrence libre et non faussée » du TCE n’entraîne pas de changement dans l’orientation des politiques. Un article rappelle le primat d’une « économie de marché ouverte où la concurrence est libre » et un protocole (même valeur que le traité) indique que « le marché intérieur comprend un système garantissant que la concurrence n’est pas faussée ». La seule politique de l’UE, c’est, plus que jamais, de mettre en concurrence toutes les activités humaines. Pas de place pour la coopération ; pas de place pour la solidarité. Mme Merkel l’a confirmé au Parlement européen : en ce qui concerne le libéralisme des politiques, « rien ne va changer ».

A propos des services publics :

Rien n’est plus mensonger que d’affirmer que l’UE protège désormais les services publics (baptisés « services d’intérêt général »). Un protocole dont l’intitulé parle des « services d’intérêt général » ne concerne en fait dans son contenu que les « services d’intérêt économique général » lesquels sont soumis aux règles de la concurrence. Il s’agit-là d’une formidable mystification de la part des auteurs du traité. Comme ceux-ci l’ont déclaré : « la liberté d’établissement et la liberté de circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services continuent de revêtir une importance capitale ».
A propos de la mondialisation néolibérale :

L’affirmation selon laquelle désormais l’UE protégerait contre la mondialisation est totalement mensongère et démentie par le texte : celui-ci renforce les pouvoirs de la Commission européenne pour négocier des politiques de dérégulation à l’OMC. Les pouvoirs du Comité 133 sont consacrés et renforcés dans la mesure où il ne devra plus se prononcer à l’unanimité. Son opacité demeure. La négociation de la mise en œuvre de l’Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS), dont l’objectif ultime est la privatisation de toutes les activités de services qu’elles soient nationales régionales ou municipales, en sera facilitée. Le traité de Lisbonne facilite la soumission des services publics locaux aux règles de l’AGCS.

On trouvera d’autres éléments de réflexion sur l’Europe et le traité modificatif (traité de Lisbonne) dans le livre que je viens de faire paraître : « Quelle Europe après le non ?» (Fayard). On peut en débattre lors des prochaines conférences que je vais donner :

14 janvier : Avignon : 18H, dédicaces à la Maison des Alternatives Solidaires ; 20H, conférence à l’Hôtel de ville.
15 janvier : Aix-en-Provence : 18H, IEP, 25 rue Gaston de Saporta (face à la cathédrale).
16 janvier : Marseille : 20H30, 108, rue de Breteuil, au « Point de Bascule ».
17 janvier : Forcalquier/Manosque/Ste-Tulle : 19H, théâtre municipal de Ste-Tulle.
21 janvier : Béziers : 19H au Théâtre du Minotaure, 15 rue Solférino.
22 janvier : Montauban : 20H, Espace Sport, 65, avenue Marceau Hamecher
23 janvier : Angers : 20H30, Salle Daviers, Bd Daviers (en face du CHU).
24 janvier : Nantes : 20H30, Faculté de médecine (Amphi 9), rue Gaston Veil.
25 janvier : Poitiers : 20H30
28 janvier : Agen : 20H30, salle Picasso, Centre culturel, côté Stadium.
29 janvier : Marmande : 20H30, salle Damouran, Square de Verdun (face à la poste).


Il faut signer l’appel du Comité National pour le Référendum :
www.nousvoulonsunreferendum.eu/

Il faut interpeller les parlementaires (sénateurs et députés), candidats aux élections municipales, pour leur demander si le 4 février Versailles ils vont permettre la ratification parlementaire de ce traité et pour leur dire qu’il sera tenu compte de leur attitude lors des prochaines municipales. C’est l’avenir des services publics locaux qui est en cause !

Il faut manifester le 4 février à Versailles pour exiger le respect du référendum de 2005. On ne représente pas un texte dont le contenu a été rejeté par le peuple souverain !

Raoul Marc JENNAR
Site : www.urfig.org