mardi 7 août 2007

La guerre des mots

SOURCE: Bellaciao (Jacques Potier)

"Il y a une guerre sur les mots, leur appropriation, leur connotation et leur glissement sémantique. La plupart des médias sont maintenant totalement inféodés au capital. La puissance de traitement de l’information est totalement inédite. La guerre des mots est plus dure qu’elle ne l’a jamais été. D’un seul coup un mot peut devenir un puits sans fond dans lequel toute idée s’engloutit dixit le mot "réforme" pour parler de lois rétrogrades dignes de celles d’avant 1929. Les mots sont aussi blessés par une réalité que certains s’empressent de recouvrir de plusieurs couches de mauvaise foi. Stéphane COURTOIS en est l’un des instigateurs les plus illustre qui mele tranquillement avec un bon sens très peu scientifique le stalinisme et le communisme, ce qui dénature le mot "communisme". Il aurait tout aussi bien pu mêler et avec autant de succès stalinisme et socialisme, l’URSS ne se revendiquait-elle pas son socialiste ? Par association on peut aussi associer le Nazisme au socialisme, il suffit de lui accoler "national". On voit que cela n’a absolument aucun sens.
On voit bien que dans ces entreprises de manipulation, la bourgeoisie et passée maitresse du genre. Les capitaine de la finance disposent d’énormes moyens sur les médias pour détourner ou connoter journellement et formellement le sens des mots avec des journalistes à leur solde. Il n’y a qu’à voir les tentatives sur "service public" ou également sur "sécurité sociale".
Il ne faut pas oublier que cette guerre a aussi été en faveur du peuple. ah oui "peuple" aussi, c’est un mot qui devient difficile à utiliser. Oui cette guerre a été gagnée provisoirement en 45 lorsque Ambroise Croizat mit en place la "sécurité sociale" en lieu et place des "assurances sociales". Il faut voir aujourd’hui les efforts intenses que font les groupes d’assurances pour réactiver le mot "assurances sociales". Pour tout dire, cette bataille sémantique qui permet de s’exprimer à l’ensemble du peuple est une bataille de classe. "Classe" encore un mot difficile à utiliser, peu de gens savent ce que cela représente.
Une autre pour finir. Je discutais avec ma fille BAC+5 qui me disait que son amie était "matérialiste".
Je luis faisais savoir que le matérialisme était une école de philosophie qui n’avait rien à voir avec le consumérisme mais avait à voir avec la démonstration que la matière prévalait sur l’idée et donc était une philosophie qui allait à l’encontre de la pensée idéaliste, religieuse de l’origine du monde. Elle en fut atterrée. Mais peut-on vraiment s’étonner que le matérialisme finisse ainsi, provisoirement dans l’esprit de beaucoup, dans un remugle de vieilles lunes des temples de la consommation permettant de mettre une chape de plomb sur les idée que le matérialisme, le vrai, sou tend ? Alors ? alors il ne faut pas céder d’un pouce sur le terrain du vocabulaire et défendre les mots qui nous servent. Car sans les mots tangibles qui décrivent la réalité (profit, capital, exploiteur, solidarité, communisme, grève, ...), nous n’aurons plus les moyens de faire saisir et de trouver ensemble des solutions à la réalité qui nous écrase."

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