vendredi 5 septembre 2008

Brèves de comptoire

QU’EST-CE QU’UNE COORDINATION ?
Dans une coordination, tout part de l’individu mais rien ne s’y arrête.
Une coordination n’est pas un syndicat. Son but n’est donc pas de les concurrencer mais de donner le pouvoir à la base. Dans un syndicat, c’est le bureau qui décide.
La différence entre un syndicat et la coordination est une différence de nature, de qualité. En pratique, avec une coordination, les individus font ce qu’ils désirent.
L’étymologie du mot le dit : la coordination n’est là que pour coordonner les actions et les réflexions quand c’est possible.
Tout part de chaque individu. Il s’exprime et vote en Assemblée Générale d’usine (ou d’école, etc.)
Cette A.G. élit et mandate deux délégués qui iront à la coordination départementale pour voter selon leur mandat et pour exprimer les idées de leur A.G.
La coordination départementale débat sur chaque proposition qui lui est faite à titre de mandataire ou à titre personnel.
Puis elle l’adopte ou la refuse.
La coordination départementale élit et mandate deux délégués pour la coordination nationale. Le rapport entre la coordination départementale et la coordination nationale est le même que celui qui s’établit entre l’A.G. d’usine et la coordination départementale ou entre l’individu et l’A.G. d’usine.
Les propositions adoptées par la coordination départementale redescendent en A.G. d’usines qui décident ce qu’elles en font.
Les propositions adoptées par la coordination nationale redescendent en A.G. d’usines par l’intermédiaire des coordinations départementales. Les coordinations départementales et les A.G. d’usines décident ce qu’elles en font.
Ainsi se crée un va et vient entre les individus et la coordination nationale où ce sont les individus qui ont le pouvoir. Les délégués ne faisant que transmettre les informations, les propositions ou les votes pour lesquels ils sont mandatés.
Les présidents de séances ne sont pas des chefs.
Ils sont élus pour, et seulement pour organiser les tours de parole. Délégués et présidents de séances sont révocables à tout instant par ceux qui les ont élus.
Un observateur s’exprime toujours à titre personnel.
Il ne vote jamais.
Il peut faire des propositions.
Un délégué peut aussi s’exprimer à titre personnel à condition de le préciser à chaque fois.
Quand un individu constate un "vice de forme" dans le développement d’une réunion, il le signale en criant : "point d’ordre". son intervention est alors prioritaire !
Fait le 15/02/1987 par le "comité pour une coordination"
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Un contre avis :
On dirait que pour certains il suffit d’ajouter "auto-" à n’importe quel mot (organisation, gouvernement...) pour le rendre "politiquement correct".
Le problème, c’est que personne ne prend vraiment le temps de définir ce que cet "auto" veut vraiment dire.
En fait, on entend ici par "auto-oganisée" ou "auto-gouvernée" une organisation sans hiérarchie entre ses membres. Comme l’explique le texte au départ de ce fil, dans ce système le délégué n’est en fait qu’un messager : il est envoyé à l’assemblée du niveau régional ou national seulement pour "transmettre" les positions de ses mandants dans le cadre d’un mandat impératif.
Et de toute façon, les organismes régionaux ou nationaux n’ont qu’une fonction de coordination, ce sera toujours l’AG de base qui "décide ce qu’on fait".
Cette vision, malhereusement, butte sur deux sérieux écueils :
Le premier, est que ce fonctionnement se place dans une vision très idéalisée des individus. En fait, ses partisans semblent croire qu’alors que les "organisations" sont naturellement mauvaises, et tendent "naturellement" à confisquer le pouvoir et à entrer en compétition entre elles, les individus sont "naturellement" bons, et tendent au contraire à coopérer et ne tirent jamais la couverture à eux.
En d’autres termes, on retrouve la vieille antienne rousseauienne : "l’homme est naturellement bon et la société le pervertit".
On peut se démander d’ailleurs par quelle alchimie mystérieuse des hommes auss naturellement "bons" se comportent aussi mal dès qu’ils sont organisés.
En fait, quiconque aura participé à des "AG de base" d’une communauté "auto-organisé" peut bien voir comment les individus entrent en compétition, et combien certains cherchent à "emporter" le collectif avec eux. Les rapports etnre les membres des collectifs et les coordinations sont souvent aussi manipulatoires qu’entre organisations...
Mais le deuxième ecueil est celui qui envoie par terre tout l’édifice de "l’auto-organisation".
C’est le fait qu’il va contre un principe fondamental de l’économie, qui est celui de la division du travail. Quand j’ai besoin d’écrire un contrat, je vais voir un avocat.
Quand j’ai besoin de lever un mur, je cherche un maçon.
Quand je suis malade, je vois un docteur.
Pour chacun de mes besoins particulier, relevant d’une activité particulière, je cherche une personne qui s’est spécialisée dans cette activité. Qui n’a fait que ça pendant des années. Qui a étudié la question. Qui possède les outils adéquats et sait s’en servir.
Il serait possible de concevoir une société sans division du travail, dans laquelle chacun de nous serait médécin, avocat, maçon, mécanicien automobile et bien d’autres choses encore.
Mais ce serait un énorme gâchis, puisqu’il s’agirait de donner à tous les individus toutes les compétences.
Et il en irait comme le canard de la fable : tout le monde saurait tout faire, mais médiocrement:L’excellence dans un domaine nécessite un effort et une dédication impossible sans division du travail. Menuhin aurait il été le grand violoniste qu’il fut s’il avait eu en outre à construire sa maison, réparer sa voiture, se défendre dans les tribunaux et soigner sa famille ? J’en doute fort...
La division du travail est un multiplicateur de l’efficacité dans toute activité. Et cela inclue l’activité politique.
On sait bien que les organisations ou tout le monde fait tout se sont cassées systématiquement la gueule. L’efficacité d’une organisation commence en général lorsqu’elle est capable de séparer les différentes fonctions, et de trouver les gens les mieux adaptés pour remplir ces fonctions.
La division du travail et la spécialisation sont des processus fondamentaux dans le progrès matériel des sociétés humaines.
Marx et Engels soulignaient l’impossibilité de revenir à un "communisme primitif" antérieur à la division du travail.
Le défi donc est de créer des organisations égalitaires admettant la division du travail.
Et non pas brandir l’illusion que la division du travail peut disparaître.

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