vendredi 13 juillet 2007

Au comptoir de Bellaciao

..../....Il faut dire que certains prétendus représentants du communisme ont largement contribué à nous faire échouer, et servent encore de repoussoir... Voici une des raisons objectives pour lesquelles j’ai une détestation viscérale de Staline, par exemple, ou de Mao ( outre la répulsion que leurs crimes entraînent chez moi). Parce qu’ils ont usurpé le communisme et que leurs horreurs ont finalement servi de prétexte au capitalisme pour nous abattre (comme si nous avions besoin de ça).../...

1 commentaire:

SAd___ a dit…

(www.bellaciao.org)

Tu ne peux cesser d’être marxiste au moment où il s’agit de porter un regard sur ce qu’ont pu être les systèmes staliniens russes et maoïstes. (Par Staliniens je ne fais pas référence aux partis communistes des pays soumis au capitalisme).
Ce ne sont pas des "personnalités" qui inversent le cours de l’histoire, surtout quand l’histoire se reproduit, mais des phénomènes d’autonomisations de castes (de classes, de couches ou de bureaucraties suivant les usages terminologiques) qui se construisent sur une délégation de pouvoir des couches sociales qui ont fait tomber le capitalisme, ou le mélange féodalisme-capitalisme...
La nature a horreur du vide, le pouvoir aussi. la lutte de classes continue dans une société qui a fait une révolution, des couches sociales se créent et cherchent à se reproduire, souvent contre les travailleurs, contre les couches majoritaires de la population. Ce phénomène existe dans l’ensemble des sociétés humaines.
Tu expliquais bien comment le capitalisme aliène et produit des travailleurs qui se retrouvent incapables de porter un regard critique sur le système capitaliste, de voter intelligemment, de prendre collectivement le pouvoir, pour des raisons de mélanges de mauvaises conditions économiques, d’harassements par l’intensité du travail, de matraquage idéologique, et d’insuffisances de formation.
Les systèmes staliniens russes ou maoïstes ont subi ces genres de dépossession des travailleurs et des couches populaires, se sont construits sur la délégation puis la confiscation des pouvoirs. La poussée révolutionnaire s’est progressivement (ou brutalement) émoussée par le fait des conditions de production intenables (le Stakhanovisme par exemple en est un aboutissement ) , par les nécessités de construction (et de reconstructions) de sociétés industrielles , amenant logiquement que les structures populaires, démocratiques (soviets) ou non (communes populaires) qui "respiraient" une volonté de libération sociale ont été progressivement gérées ou remplacées par des "directions", des couches bureaucratiques, sans contrôle, des nomenklaturas dirigeantes, souvent extrêmement violentes vis à vis des travailleurs à cause du fait que leur légitimité résidait dans la prétention à être les représentants des travailleurs, ... .
Ces systèmes construits par la faiblesse des peuples à contrôler leurs destins ont trouvé des personnalités qui se coulaient bien dans les nouveaux costumes de ces couches sociales usurpatrices : Les Staline, Mao, et ce qu’on veut... Et ce ne sont pas les Mao et Staline qui ont construits les phénomènes qui les ont amenés là, mais des couches sociales.

Et ces systèmes ont repris à leur compte une partie des méthodes de domination du capitalisme, aliénation, idéologie, famille, discipline, hiérarchie, chefs, etc. ....
On le voit bien, la critique du capitalisme, des phénomènes d’aliénation des travailleurs qui permettent sa survie et son renouvèlement est aussi celle qui permet (quand on essaye de se battre au quotidien, comme dans un parti, comme dans une société qui se transforme) de voir les écueils qui reproduisent la dépossession, le despotisme, l’échec et la démoralisation, et dans les cas extrêmes de nouveaux despotismes.
Nombre de "déviants" dans ces sociétés despotiques n’étaient pas en soi des "vilains" , ce n’est pas si simple, ils ont tout simplement et souvent géré et dirigé des entreprises, des communes, des groupes de combat, sans contrôles, parce que les "gens" ne pouvaient pas contrôler, pour des raisons matérielles, culturelles, des raisons de combat, de discipline de bataille, etc. Et passer les moments d’euphorie sociale, ces gens se sont coagulés en une caste, une bureaucratie, une nomenklatura, qui en est venue à se construire des logiques de survie, de reproduction....A TOUT PRIX ! Il n’est pas anodin que cette caste, en Chine, en URSS, et dans les Pays de l’Est ait fourni l’essentiel de la nouvelle classe capitaliste (là au sens traditionnel du terme) de ces pays. Avant (quand elles étaient couches sociales dominantes) comme aujourd’hui (les Staliniens de Russie ou de Chine sont devenus de florissants capitalistes) elles ont même vaches à lait et ennemis : les travailleurs.
Le capitalisme et les autres modes de domination oblige souvent ceux qui les combattent à lui ressembler, les désarmant ainsi au travers de vaines victoires ou le nouveau ressemble en diable à l’ancien, ou les défaites se construisent d’avoir trop ressembler à l’adversaire. Que la défaite soit rapide ou longue il y a souvent de tels vers dans les fruits.
Changer le monde, pour être plus libres, c’est souvent au final tricher et créer de nouvelles règles du jeu, irrespectueuses, qui partent toujours du contrôle serré et permanent de ce qu’on délègue.
Mais sans employer de grands mots, entre un anarchisme béat (pas si bête que cela souvent) et ce type de pays, les phénomènes exagérés de délégation des volontés humaines , par lassitude, manque de vigilance, manque de temps, de capacités, de formation, sont souvent ce qui minent et construisent en premier les dérapages bureaucratiques .
La démocratie capitaliste n’échappe pas à ces phénomènes.
Ainsi, la démocratie représentative a-t-elle double sens : d’un côté un aspect révolutionnaire qui permet au peuple, au moins théoriquement, comme valeur d’une société, de maitriser son destin, d’un autre côté fabriquer des élites s’autonomisant (lendemain du vote on bosse) sans réel contrôle et devenant aisément contrôlables au final par la classe capitaliste qui leur fournit renommées et paillettes, ainsi qu’un modèle finalement se rapprochant de leurs trajectoires. Les maitres ainsi séduisent les représentants du peuple.
Un simple élu syndical un peu perspicace le sent quand il est en face d’un patron qui vante l’esprit de responsabilité du syndicaliste, sa capacité de dirigeant, etc. ... Il cherche à l’autonomiser de ces mandants, à le rendre semblable à lui.
Les élus doivent donc être contrôlés ! Le communisme est porteur logique de cette critique et de ce regard.
Copas